Résignée à recourir au privé pour dépister son cancer

le jeudi 19 août 2021
Par David Daigle, Le Courrier du Sud, Initiative de journalisme local Voir les autres articles

L’installation d’un appareil de tomographie à émission de positons (TEP) servant à diagnostiquer certains cancers est dans les plans de l’Hôpital Charles-Le Moyne à Longueuil depuis plusieurs années, mais elle se fait toujours attendre. Une «lacune» que dénonce Marie Laramée, une citoyenne de Saint-Hubert qui s’est résignée à recourir au privé pour passer cet examen d’imagerie en médecine nucléaire.

«Je crois que les citoyens de la Rive-Sud doivent être mis au courant de cette lacune. J’ai dû défrayer un montant de 1 900$ dans le réseau privé parce que je sais que le cancer n’attend pas une disponibilité dans le réseau public pour faire des ravages», a-t-elle écrit au Courrier du Sud.

Une fois l’examen passé, le verdict est tombé le 9 juillet: la présence de marqueurs tumoraux dans son abdomen lui a révélé un cancer des ovaires. 

L’histoire de Marie

Il y a 4 ans, Marie Laramée a été diagnostiquée avec une leucémie lymphoïde chronique, qui est toujours latente. Lorsqu’elle a été hospitalisée d’urgence en décembre 2020, Mme Laramée a contracté un céphalo virus, car son système immunitaire était affaibli. Lors de son séjour à l’hôpital, l’oncologiste a décelé un épaississement de son abdomen.

En avril dernier, Mme Laramée a refait un examen en médecine nucléaire à l’hôpital Charles-Le Moyne, qui a à nouveau révélé l’épaississement de l’abdomen. Son médecin lui a dit qu’elle devait absolument repasser un TEP SCAN, en raison d’un épaississement à l’épiploon, signe de cancer métastatique selon son médecin.

Un mois plus tard, son médecin a envoyé à cet effet une requête au Centre hospitalier universitaire de Montréal. Après deux semaines d’attente, Mme Laramée a communiqué avec le CHUM pour connaître la date de son rendez-vous.

«La responsable m’a dit qu’il y avait eu un bris d’appareil et qu’en plus, ils accusaient du retard dû à la COVID-19. Je ne devais donc pas compter sur un rendez-vous avant trois à quatre semaines», lance-t-elle.

Mme Laramée a décidé de passer la TEP Scan au privé, puisque l’oncologue avait inscrit sur la requête qu’il s’agissait d’une priorité 1, soit le plus haut niveau d’urgence.

Elle a appelé dans une clinique le 25 mai et a obtenu un rendez-vous dès le lendemain, moyennant une facture salée.

Dilemme

Actuellement, Mme Laramée dort environ 4 heures durant la journée pour être capable de fonctionner et d’avoir une vie normale.

«Je perds encore du poids, j’ai de la difficulté à me concentrer et, une chance, que j’ai ma famille autour de moi.»
-Marie Laramée

Depuis son dernier examen par laparoscopie le 27 juillet, Mme Laramée est toujours en attente de ses prochains traitements.

La patiente se retrouve maintenant devant un dilemme. Ayant sa citoyenneté américaine pour y avoir habité pendant 30 ans, elle hésite à aller s’y faire soigner. Sa fille, qui demeure aux États-Unis et qu’elle ne l’a pas vue depuis Noël 2020 à cause de la pandémie, l’encourage d’ailleurs en ce sens.

«Je ne sais pas ce que je vais faire», a avoué Marie Laramée.

La citoyenne de Saint-Hubert se compte chanceuse d’avoir un bon réseau de soutien auprès de sa famille.

«Ce n’est pas tout le monde qui a une famille pour les aider ou les ressources pour aller au privé. On le sait, les cas de cancers sont en recrudescence», rétorque-t-elle, durant notre entrevue.

Un projet de longue date

{{HTML|IMG|MEDIA|1190}}Le projet de modernisation de l’Hôpital Charles-LeMoyne, dont le ministre Dubé a d’ailleurs annoncé l’autorisation en juillet, représente un budget d’environ 400 M$. L’installation d’un appareil de TEP est prévue à même cette modernisation. 

L’appareil permettant de dépister certains cancers est attendu depuis longtemps. La Fondation de l’Hôpital Chalres-Le Moyne amassait des fonds pour l’acquisition de cet appareil en 2016. 

«Nous sommes conscients que cette situation n’est pas idéale et qu’elle peut représenter des enjeux pour certaines clientèles, a répondu au Journal le CISSS de la Montérégie-Centre. Nous travaillons présentement à mettre en place une solution de transition d’ici à ce que le TEP scan soit acheté et installé dans nos futurs locaux». 

Cependant, le CISSS n’a pas donné plus de détails sur la solution envisagée ni sur le fait qu’aucune n’a été trouvée à ce jour. 

«Je trouve déplorable que les hôpitaux de la région n’offre pas de TEP Scan alors qu’ils desservent un million de personnes», a plaidé Marie Laramée, qui a d’ailleurs écrit une lettre à ce sujet au ministre de la Santé, Christian Dubé, et au député de sa circonscription, Ian Lafrenière.

Elle aurait souhaité plus de transparence de la part du Centre intégré de cancérologie de la Montérégie (CICM) de l’Hôpital Charles-LeMoyne. 

«Si on m’avait dit: Écoutez, il y a des délais déraisonnables au CHUM, on va payer la portion que cela nous coûterait au public et la différence vous la payez au privé, cela serait plus acceptable en attente d’avoir l’appareil requis au CICM», évoque-t-elle, à la fin de notre entrevue.