La frontière canado-américaine demeure fermée jusqu’au 21 février. Mais pas pour Paul-Maurice Patenaude. Sa résidence construite en 1820 est à cheval entre Dundee au Québec et Fort Covington, New York. Un luxe qui lui permet même d’offrir un service de colis entre les deux pays.
«Ça fait 69 ans que je demeure ici, reconnaît celui qui a été maire de Dundee et préfet de la MRC du Haut-Saint-Laurent. J’aime ça. J’aime mon coin.»
C’est le père de l’octogénaire qui s’est porté acquéreur de l’endroit connu comme le Halfway House à l’époque. Un hôtel-taverne et un magasin général ont animé l’endroit jusqu’en 1989-90. L’endroit a toujours été reconnur
À la fin des années 1970, l’endroit était connu comme un populaire lieu de rassemblement.comme un haut lieu d’échanges commerciaux dans le coin. «Dans les années 1800, on y voyait des bateaux à roue qui venaient dans le coin pour faire le commerce, reconnaît André Patenaude, le fils de l’occupant des lieux. . Ça toujours été un endroit où ça bougeait beaucoup. Du temps de l’hôtel-bar, les clients venaient de l’Ontario, du Québec, des États-Unis et de la communauté Mohawk. »
La famille Patenaude a tracé la frontière dans la maison.Une ligne a été tracée dans l’imposante résidence de trois étages. À partir des bornes installées sur chaque côté de la rivière, la famille Patenaude a pu déterminer le passage de la frontière dans ses murs.
M. Patenaude explique qu’au moment où les douaniers canadiens ont pu agir contre la conduite en état d’ébriété, l’hôtel a cessé ses activités.
Il est rare de voir un bâtiment situé sur la frontière. Ailleurs, on retrouve la bibliothèque et salle d’opéra Haskell qui à Stanstead, Québec et Derby Line, Vermont.
Un service de colis
Les tables de billard se sont retrouvées du côté américain dans les années 80. À l’époque, le Québec avait instauré une taxe d’amusement sur ces produits.Mais le Halfway House n’est pas seulement sur la frontière. Elle se retrouve aussi entre les deux douanes.
Si bien que Paul-Maurice Patenaude a flairé une bonne affaire. «Il a eu l’opportunité, à la demande d’un ami, d’ouvrir un service de colis, explique son fils. C’est possible de faire livrer un colis qui vient des États-Unis et d’entrer par la porte canadienne pour venir le chercher. La seule chose à faire c’est de déclarer son achat à la douane canadienne. C’est probablement un des seuls endroits au Canada où on peut faire ça.»
Ainsi, peu importe du pays où on arrive, nul besoin de se rapporter à une douane.
M. Patenaude charge un faible montant en échange de son service. Tout au plus 10 $ selon le poids ou la grosseur du colis. Des produits qui peuvent passer des pièces d’auto aux articles pour bébé. Paul-Maurice Patenaude avoue que le service a fait «une petite explosion» dans le temps des Fêtes.
Entre deux pays
La résidence a été construite en 1820. La famille Patenaude aimerait procéder à des rénovations à l’immeuble qui a été un lieu important d’échanges commerciaux au cours de son histoire.Il a fait sa scolarité aux États-Unis, puisque les écoles étaient plus proches de sa maison. Celles d’Huntingdon ou Ormstown lui auraient demandé un bon trajet d’autobus.André Patenaude a passé sa jeunesse à cet endroit. Il a toujours apprécié son concept unique. «C’est drôle, on a toujours dit qu’on a un pays de résidence, affirme-t-il. Pour moi, ça avait zéro bon sens. J’avais de la misère avec le concept. »
Besoin de réparations
La résidence deux fois centenaire affiche le poids des années. Mais elle demeure intéressante aux yeux d’André Patenaude. Assez pour qu’il ait tenté d’amasser des sous via une campagne de sociofinancement pour rénover le bâtiment. Celle-ci a fait chou blanc.
Selon lui, si le bâtiment est détruit par une catastrophe, par exemple un incendie ou des inondations, elle ne pourra être reconstruite. En raison de la règlementation des frontières. Le droit acquis ne s’appliquerait pas. Cependant, la famille pourrait éventuellement vendre ou céder la propriété, ce qui est permis.
André Patenaude a aussi fait des approches au niveau municipal et provincial, mais le Halfway House ne rencontrait pas les critères pour un statut patrimonial. Les sénateurs américains contactés n’y ont vu aucun intérêt également.
«Papa à l’intention de rester là et on ne va pas changer ça, soutient-il. On essaie avec la famille, mon frère et ma soeur, de faire ce que l’on peut. C’est bâti solide, mais elle a besoin d’amour. »