Est-ce que l’empathie est innée chez l’être humain ou, au contraire, se développe-t-elle avec le temps?
Samedi, je passe à l’épicerie pour acheter quelques trucs qui me manquent pour le souper.
À l’arrivée à la caisse, je sors mon portefeuille et je constate avec stupeur que je n’ai plus ma carte Interac. Je pâlis d’un coup sec. Mon trouble est si apparent que je ne peux le cacher à la caissière ni au préposé à l’emballage. Je me sens obligée de dire tout haut ce qui m’arrive. Aucune réaction de leur part.
Impossible qu’elle ait disparu d’un seul coup. Je la range toujours au même endroit depuis des années. C’est d’ailleurs pourquoi je déteste tant changer de portefeuille. Parce qu’on perd tous ses repères…
J’essaie rapidement de refaire le fil de ma matinée dans ma tête. Des endroits où je suis allée. Quand l’ai-je sorti la dernière fois? Où ai-je pu la laisser? Au guichet? À un comptoir de caisse? Ça ne me revient pas.
Pendant ce temps, la caissière et son collègue continuent de s’affairer comme si de rien n’était. Comme si je ne leur avais jamais adressé la parole. À ce moment, mon épicerie est bien le moindre de mes soucis! Je ne m’attendais pas à ce qu’ils cessent de travailler. Mais qu’ils montrent au minimum un peu d’écoute. D’empathie. Au lieu de me donner l’impression que je les retarde ou les dérange avec mon problème. Comme le ferait tout bon employé qui offre un bon service à la clientèle. Même si c’est un faux semblant. Toute personne qui a perdu son portefeuille, ses clés de voiture ou son cellulaire sait à quel point plus rien d’autre ne compte quand ça nous arrive… Je n’ai pas eu cette chance. Mes articles scannés, le temps est rapidement venu de m’acquitter de ma facture. J’ai dû sortir ma carte de crédit.
De retour à la maison, j’ai fouillé partout et refait le fil de ma journée pour me rendre compte qu’on m’avait remis ma carte de débit avec une carte fidélité dans un commerce en matinée. La carte Interac était collée sous l’autre et je l’avais glissée avec celle-ci dans une autre section de mon portefeuille sans m’en rendre compte. Gros soupir de soulagement…
Si seulement j’avais disposé d’un peu de temps pour fouiller dans mon portefeuille, je l’aurais retrouvée. Et j’aurais eu l’esprit tranquille. Au lieu de sortir de l’épicerie avec la tête complètement brouillée.
«Dans les services d’argent, celui qui devrait se souvenir oublie, et celui qui devrait oublier se souvient.»
-Henry Becque