Skier sous le vent

le mercredi 13 mars 2019

Pas de doute, Martin Cyr aime s’amuser avec le vent. Petit, il faisait voler des cerfs-volants. Puis, il a gouverné des voiliers en défiant la houle. Maintenant, il skie sur les eaux glacées du fleuve Saint-Laurent propulsé par les courants d’air. Portrait d’un amateur de paraski.
Muni d’une voile reliée à un harnais le ceinturant, le résident de Sainte-Catherine chaussé de ses skis peut filer jusqu’à 90 km/h!
«C’est mon record de vitesse. Il y a des fois qu’on se dit que c’est dangereux, mais l’adrénaline est toujours là. En moyenne, je me déplace entre 50 et 60 km/h», explique celui qui s’adonne à ce sport depuis 2007.
«Ma sœur travaillait dans une école qui faisait face à un centre où l’on donnait des cours de paraski, mentionne M. Cyr. Elle savait que l’hiver, je m’ennuyais de faire de la voile.»
Il précise que même si le paraski a été développé et perfectionné au Québec au début des années 2000, le nombre d’adeptes ne serait pas légion.
 
Lors du départ, il peut arriver que les cordes s’entremêlent entre compétiteurs, mettant fin à l’épreuve. (Photo : Gracieuseté – Réal Landry M)
 
Pour tous
Est-il difficile de s’adonner à cette activité que certains considèrent comme un sport extrême? Pas pour le principal intéressé qui possède déjà les prérequis.
«Non, car les notions de voile sont les mêmes que pour le bateau. Il faut savoir interpréter le vent. Je fais aussi du ski de fond et alpin depuis l’âge de 15 ans», précise l’homme de 48 ans. M. Cyr souligne cependant que tous peuvent s’y adonner à la condition d’avoir suivi une formation.
«Par besoin de force pour la traction des bras qui guident la voile. C’est du bas du corps qu’il faut vraiment être en forme. C’est très exigeant au niveau des jambes. On est dans une position qui n’est pas très habituelle», dit-il.
Comme n’importe quel sport, les risques sont présents.
«Sur les cours d’eau gelés, il faut se méfier des trous des pêcheurs. Lorsqu’ils percent la glace, il se forme un monticule. Celui-ci se retrouve caché par la neige. Quand on glisse à 90 km/h et qu’on frappe ce monticule, on tombe», déclare la paraskieur.
Et puis, il y a les vents dits thermiques qui peuvent soulever littéralement dans les airs le paraskieur jusqu’à une hauteur de 30 m (100 pi), affirme Martin Cyr. Une situation qu’il n’a heureusement pas vécue.
 
À chaque vent sa voile
Lorsqu’il s’adonne à son loisir, le Sainte-Catherinois apporte toujours avec lui ses six voiles. Leur dimension varie de 6 m2 à 16 m2. C’est rendu sur place qu’il décide laquelle il utilisera, selon la force du vent.
«Les vents idéals sont de l’Ouest. Lorsque ça souffle entre 30 km/h et 50 km/h, on est heureux. Ce sont de très bonnes sensations. Certains paraskieurs mesurent le vent avec un anémomètre. Je n’ai jamais utilisé ça. J’y vais par instinct», affirme-t-il.
M. Cyr utilise la Paraskiflex, une voile de course qui se détaille entre 1000$ à 1500$.
«Il y a aussi la voile dite caisson qui est ni plus ou moins qu’un gros parachute que les professionnels emploient, indique-t-il. Elle coûte entre 3000$ et 4000$. Si j’avais les moyens, j’en aurai une. Enfin, il y a la voile dite boudin qui se vend entre 1000$ et 3000$.»
Le principal intéressé mentionne que le lac Saint-Louis à la hauteur de Châteauguay et la baie de Valleyfield où il se rend régulièrement offrent de belles surfaces planes. Cela ne l’empêche pas de pratiquer aussi au bassin de La Prairie à la hauteur de Candiac.
 
Martin Cyr (Photo gracieuseté)
 
Compétitions
Même s’il pratique le paraski de manière récréative, Martin Cyr participe depuis trois ans à des compétitions. Dès sa première course au Challenge de kite de Trois-Rivières, il a remporté l’or dans la catégorie débutant. La même année, il a obtenu le bronze à la coupe du Québec de kite à Lac-Mégantic.
Cette année, également à Trois-Rivières, M. Cyr a reçu l’argent. De plus, il a de nouveau remporté la 2e place, les 9 et 10 mars, à la compétition de Val-O-Vent de Val-Brillant. Avec ce résultat, il occupe la 2e position au classement général au Challenge de kite du Québec.
Les épreuves du Challenge de kite réunissent en moyenne quelque 70 participants au fil de départ. La distance, entre les paraskieurs est tellement serrée, parfois moins d’un mètre, selon Martin Cyr, qu’il arrive parfois que les cordages des toiles tendues dans les airs s’entremêlent.