Son père lui donne un rein

le mercredi 7 août 2019

Quand les gens apprennent ce que Martin Laforest a fait pour son fils Xavier, plusieurs le qualifient de héros. Pour le principal intéressé, il allait de soi qu’il donnerait un jour un rein à son enfant. Ce n’était qu’une question de temps.

 

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Xavier éprouvait, dès sa naissance, des problèmes de santé en raison d’infections récurrentes de la vessie.

«L’urine remontait de nouveau vers mes reins pour être filtrée. Puisqu’elle était infectée, mes reins l’ont été aussi», raconte le jeune homme de 22 ans.

À 19 ans, le verdict tombe lorsqu’un néphrologue – médecin spécialiste des reins – de l’Hôpital du Haut-Richelieu à Saint-Jean-sur-Richelieu lui annonce qu’il devra suivre des traitements de dialyse.

«Là, j’ai eu un choc quand j’ai réalisé que j’allais entrer en dialyse pour la première fois. Je voulais me cacher dans un coin chez moi et attendre», dit-il.

«Je savais que le moment était venu de donner mon rein», intervient son père.

 

Réactions

Xavier Laforest n’a pas été étonné du don de son père.

«Je m’y attendais, tout comme ma mère. Je connais mon père. Personnellement, si j’avais pu l’empêcher, je l’aurais fait, mais qu’importe l’excuse que j’aurais pu donner, cela ne l’aurait pas arrêté», mentionne-t-il.

Pourquoi l’empêcher ?

«Ç’a été difficile pour moi d’accepter que mon père me donne un rein. J’ai souvent pensé que je ne le méritais pas parce que quand j’étais plus jeune, j’avais fait plein d’affaires…» confie ému Xavier Laforest.

 

Trois jours semaine

Inscrit sur la liste de Transplant Québec, l’organisme qui coordonne le processus de don d’organes, père et fils ont dû attendre un an et demi avant que l’opération ait lieu. Entretemps, Xavier Laforest n’a eu d’autre choix que de subir les traitements de dialyse à l’Hôpital Anna-Laberge à Châteauguay. Ceux-ci se sont poursuivis de juillet 2017 jusqu’au 18 avril 2019, jour de la greffe qui a eu lieu au Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM).

 

«On savait qu’un jour Xavier allait avoir une greffe. Je m’attendais à ça. C’était quelque chose qui mijotait dans ma tête.»

-Martin Laforestr

 

À raison de trois rendez-vous par semaine d’une durée de trois heures et demie, ces traitements accaparaient son temps et épuisaient physiquement Xavier Laforest. En incluant le transport médical, le jeune homme, passait dans les faits sa journée à l’hôpital avant de retourner vers chez lui vers l’heure du souper.

 

Opération et antirejet

Martin Laforest a été opéré le matin et son fils, dans l’après-midi.

«Je n’ai pas eu peur, sauf d’avoir des douleurs après l’intervention, ce que j’ai eu», mentionne Martin Laforest.

Les reins dysfonctionnels de Xavier Laforest ne lui ont pas été retirés durant la chirurgie. Son nouveau rein a été placé à la hauteur de sa hanche.

«Je n’ai plus de dialyse. J’ai des restrictions au niveau des heures pour prendre mes pilules et je dois boire deux litres d’eau par jour», précise-t-il.

Depuis son opération, il doit prendre des médicaments antirejet. Mais tôt ou tard, son corps finira par rejeter le rein de son père.

«Ça peut être dans trois jours ou dans 40 ans. Le plus vieux greffon de rein a 40 ans. Mais le fait que le rein provient d’un donneur en vie et de mon père augmente les chances de la greffe», explique Xavier Laforest.

La prise de médicament fait en sorte que son système immunitaire ne remplit plus son rôle. Xavier doit éviter d’attraper des bactéries. Certaines activités lui sont désormais interdites comme: la consommation de viandes froides, se baigner dans un lac, aller dans un spa, manger dans des buffets sont dorénavant proscrits. Dans les bains de foule, il doit porter un masque pour couvrir son nez et sa bouche. Aux moindres symptômes d’une grippe, il doit communiquer avec son médecin.

«Mais ça vaut mieux que la dialyse», déclare-t-il.

 

Message

Martin Laforest a accordé cette entrevue pour démystifier les mythes entourant les greffes de donneur.

«On dit qu’on est limité dans nos activités quand on donne un organe, qu’il faut faire attention, ce n’est pas vrai. Le don d’organes est nécessaire. Je n’ai rien qu’un rein, mais je vis très bien et je n’ai aucun médicament à prendre», conclut le père de famille.

 

Quelques statistiques

Au Québec, plus de 10% des organes transplantés proviennent de donneurs vivants. Cette proportion est de 25% et plus au Canada. Il a été démontré que le don d’un rein vivant a peu de répercussions, sinon aucune. Le rein restant grossit légèrement après l’opération afin de remplir sa fonction qui était assurée auparavant par deux reins. Le suivi médical est important. Au 31 décembre 2017, 786 personnes au Québec étaient en attente d’une transplantation d’organe qui leur sauvera la vie ou qui leur permettra de recouvrer la santé, améliorant grandement leur qualité de vie ainsi que celle de leurs proches. (Source : Transplant Québec)