Roxane Bélanger souhaitait avoir plus de pouvoir sur son accouchement pour son deuxième enfant. C’est donc dans le confort de son foyer à Châteauguay qu’elle a donné naissance à sa fille en juin, grâce aux nouveaux services de sage-femme offerts sur le territoire du Centre intégré de santé et de services sociaux de la Montérégie-Ouest (CISSSMO).
Déjà maman d’un garçon de six ans, la Châteauguoise avait vécu son premier suivi de grossesse avec un médecin et avait donné naissance à l’hôpital. Bien que l’expérience avait été positive à l’unité de naissances de l’Hôpital Anna-Laberge à Châteauguay, elle aspirait à autre chose pour son deuxième enfant. « Je voulais avoir un suivi qui me permettait de choisir tout et surtout d’être éclairée sur les choix que j’avais [tout au long de la grossesse]», confie-t-elle, avec son bébé de trois mois qui babille sur ses genoux.
La femme souhaitait donner naissance à la maison, un lieu qu’elle qualifie de sécuritaire et apaisant. «Quand j’ai accouché à l’hôpital, j’étais très consciente de mon environnement. Je savais que j’allais réveiller toutes les femmes et ça me stressait tellement, explique-t-elle. On m’avait dit de baisser mon ton, je m’étais dit que je ne vivrais plus ça. Je voulais être libre de faire ce que je voulais.»
La sage-femme Geneviève Poirier et les parents de Lévana Rose Maxime Bareil et Roxane Bélanger. (Photo : Le Soleil – Denis Germain)
Son conjoint Maxime Bareil l’a accompagnée à 100 % dans cette démarche. «C’est sa décision. C’est elle qui porte l’enfant, c’est elle qui l’accouche», confie-t-il se disant également rassuré puisque le premier accouchement s’était bien passé.
Nouveau service
C’est à 20 semaines de grossesse que Mme Bélanger a découvert que les services de sage-femme étaient désormais offerts dans la région. Elle a été suivie par Geneviève Poirier, une des cinq (bientôt six) sages-femmes qui travaillent au nouveau Service de sage-femme de la Vallée en fonction depuis le début de l’année 2024.
Les suivis de grossesse ont lieu au bureau de Valleyfield et la femme enceinte peut choisir d’accoucher à la maison ou à l’hôpital de référence (soit Anna-Laberge ou du Suroît). Il n’y a pas encore de maison de naissance sur le territoire (Voir encadré). D’ailleurs, pour pouvoir accoucher à la maison, il faut que le domicile soit situé à un maximum de 20 minutes d’un centre hospitalier accoucheur. Ainsi, s’il y a des complications pendant le processus, la maman et le bébé peuvent être transférés rapidement à l’hôpital.
Des préjugés sur la profession
Cependant, avant d’en arriver là, la sage-femme a les compétences pour prodiguer plusieurs soins sur place. «Dans le réseau de la santé, je suis au même niveau que le médecin de famille accoucheur. Je vais avoir les mêmes connaissances et compétences que lui», explique Geneviève Poirier. Elle reconnait qu’il y a encore beaucoup de méconnaissance sur son métier, bien qu’il soit légalement reconnu depuis 25 ans au Québec.
«Dans l’imaginaire, la sage-femme c’est encore très «grano», très hippie, on pense que c’est quelqu’un qui va accompagner la femme avec ses herbes, ses tisanes et son pentagramme» –Geneviève Poirier, sage-femme
En réalité, la sage-femme membre de l’Ordre doit avoir une formation universitaire de 4 ans et demi. « Je suis un mixte entre un médecin de famille accoucheur, une infirmière et une doula. Je vais offrir un amalgame de tout ça», dit-elle.
La différence entre le suivi médical d’une grossesse et celui de la sage-femme repose surtout dans l’approche auprès de la femme. « Pour nous, on considère qu’une grossesse c’est physiologique. La femme a le droit de choisir où elle accouche. Elle a le contrôle sur son corps et sur ce qu’elle veut. On inclut aussi beaucoup la famille», mentionne Mme Poirier.
Lévana Rose est née à la maison en juin. (Photo : Le Soleil – Denis Germain)
Roxane Bélanger a pu donner naissance en douceur à la maison, comme elle le souhaitait. Dès ses premières contractions, elle était en contact avec sa sage-femme. Lorsque le travail s’est intensifié, deux sages-femmes se sont présentées chez elle. «Nous sommes toujours deux. C’est comme un médecin avec une infirmière. S’il y a une urgence avec le bébé, la sage-femme 2 peut s’occuper du bébé pendant que la première est avec la mère», explique Geneviève Poirier. La maman était impressionnée par la quantité de matériel que les sages-femmes apportent pour être prêtes à toute éventualité.
La Châteauguoise fait partie des neuf femmes qui ont mené à terme leur grossesse via le service de sage-femme de la Vallée. Le CISSSMO informe que 59 suivis sont en cours et qu’il y a encore de la place pour des femmes qui doivent accoucher en avril 2025.
À quand une maison de naissances ?
Peu de détails sont dévoilés par le CISSSMO au sujet du projet de maison de naissances sur le territoire. Sur son site web, il indique qu’il «travaille en collaboration avec les municipalités et les élus du territoire afin de déterminer d’un lieu qui répondra au mieux de la population».