Surfer au-dessus des nuages

le mercredi 19 juillet 2017

Gilles Guéveneux n’a pas les ailes d’un ange, mais cela ne l’empêche pas de s’amuser à gratter le dos des nuages. Les prouesses de ce résident de Saint-Mathieu lui ont permis de remporter le Championnat canadien 2017 de Wingsuit Performance qui se déroulait les 3 et 4 juillet à Farnham.

L’homme de 51 ans est tombé en amour avec le wingsuit. Cette combinaison utilisée par les parachutistes leur permet de se transformer en aile volante. Ils peuvent ainsi se déplacer à l’horizontale pendant leur descente.

«J’ai battu le record canadien en distance durant cette compétition en parcourant 4,6 km en déplacement horizontal. Il fallait réaliser cette longueur dans un palier d’altitude de 3 000 m à 2 000 m. J’avais un seul objectif, c’était de gagner», explique avec une pointe de fierté cet amateur de sensations fortes.  

C’est revêtu de sa combinaison ailée Jedei3, le plus imposant des modèles en raison de son ampleur, que M. Guéveneux s’est illustré lors de cette rencontre qui réunissait une dizaine de participants du pays.

«Quand je saute avec le Jedei3, j’appelle ça surfer sur une feuille de plydewood, déclare-t-il. La queue de la combinaison dépasse de 12 pouces de mes pieds.»

 

«Buzz total» 

Carburant aux sports extrêmes depuis qu’il est jeune, Gilles Guéveneux a découvert le parachutisme en 1993. À l’époque, le premier saut pouvait s’effectuer en solo contrairement en tandem comme c’est le cas aujourd’hui.

«Dès mon premier saut, j’ai pu piloter ma voilure. C’était le buzz total. J’ai la mauvaise habitude d’aimer ces choses-là», relate-t-il avec humour.

Le 22 août 2015 constitue un moment charnière pour M. Guéveneux, puisque c’est ce jour là qu’il a réalisé son 200e saut. Or, c’est le nombre minimum exigé par l’Association canadienne de parachutisme sportif pour être autorisé à sauter en wingsuit.

«Je savais ce que c’était, mais je n’y avais pas pensé avant. C’est une amie parachutiste qui était avec moi durant ce jour-là qui m’a dit que je pouvais maintenant en faire après avoir suivi une formation. La semaine suivante, je faisais mon premier saut en wingsuit», poursuit-il.

 

Libre comme le vent

Durant l’entretien, Gilles Guéveneux montre des images spectaculaires captées avec la caméra placée sur son casque. C’est d’ailleur cette vidéo qui accompagne le présent article.  

«Avec un ami, je m’en vais surfer sur les nuages. Dans une chute libre traditionnelle, on passe à travers et c’est tout», commente-t-il. 

Dangereux le wingsuit ?

«On pense toujours à la mort. Je vérifie mes choses deux fois plutôt qu’une. Un accident peut arriver. En 2016, pendant deux sauts consécutifs en wingsuit, mon parachute principal s’est mal ouvert. J’ai utilisé mon parachute de réserve», raconte le parachutiste.

Tout récemment en juin, Gilles Guéveneux a perdu la maîtrise de sa chute dans le ciel de Chicago. Il s’est mis à tourbillonner. Une expérience qu’il ne veut plus revivre.

«Il faut reprendre le contrôle et pour ça, il faut savoir ce qui est arrivé, souligne-t-il. Et on ne doit pas paniquer. Si on panique, on est mort.»

Cela ne l’a pas empêché de réaliser en 2016, 385 sauts en wingsuit. Le principal intéressé prévoit dépasser le nombre de 500 sauts d’ici la fin de l’année.  Il a presque au total, 1000 sauts avec ou sans wingsuit.

M. Guéveneux souhaite participer au USPA National Skydiving Championships, du 17 au 20 septembre, en Californie et au 2nd FAI World Cup of Wingsuit Flying, du 1er au 9 novembre, à Las Vegas au Nevada. Il prendra part aussi aux championnats mondiaux qui auront lieu en République tchèque à l’été 2018.

 

Vitesses et distances en wingsuit

350 km/h : Vitesse que Gilles Guéveneux doit atteindre après avoir quitté l’avion durant les compétitions pour pouvoir se déplacer par la suite le plus loin à l’horizontal. «On plonge quand on saute. Il faut aller chercher toute l’énergie disponible», dit-il.

40 km/h: C’est la vitesse en chute libre que peut atteindre Gilles Guéveneux en ralentissant sa descente à l’aide de son wingsuit. En comparaison, lors d’une chute libre en saut traditionnel, la vitesse est de 200 km/h.  

160 km/h: Vitesse que le résident de Saint-Mathieu doit maintenir en compétition pour réaliser la meilleure distance à l’horizontale.

4 minutes: Durée du vol en wingsuit avant le déploiement du parachute. En saut traditionnel, la durée est d’une minute en moyenne.

2 000 $: Prix moyen d’une combinaison wingsuit, selon M. Guéveneux.