Survivre après une carrière militaire

le mercredi 1 mars 2017

Après 20 ans de service dans les Forces armées canadiennes, Denis Mayrand a dû prendre une retraite anticipée, en raison de blessures physiques et mentales. L’après-carrière a été difficile pour lui. Aujourd’hui, il veut aider les autres à s’épanouir dans leur vie civile.

Devenir militaire était un rêve d’enfant pour ce résident de Saint-Philippe, originaire de Hull. Il s’est enrôlé à 19 ans, a servi son pays et a participé à trois missions. En 2003, il a dû se retirer parce qu’il traînait depuis 10 ans une fracture à un os de la colonne vertébrale. «On est dur sur notre corps», soutient-il.

M. Mayrand a également subi un choc post-traumatique, mais il a attendu longtemps avant de recevoir un diagnostic. Les missions auxquelles il a participé l’ont rendu hypervigilant.

«Quand je vais à la banque, je me fais une stratégie au cas où un voleur arrive. Je planifie quelque chose pour me défendre», donne-t-il en exemple.

Durant ses missions, il a entendu le bruit de balles qui passaient près de lui. «On vit six mois intensément. Quand tu reviens, tu essaies de relaxer, mais ton corps n’est pas capable de décrocher», raconte M. Mayrand.

Depuis, son corps réagit intensivement à certaines odeurs ou sons. L’ex-militaire a déjà dû se rendre à l’urgence quelques heures après qu’un pneu de voiture ait éclaté près de lui.

Il ajoute qu’il a appris à vivre avec ça. «Au début, tu capotes. La moutarde te monte au nez et tu ne sais pas pourquoi», dit-il.

L’homme a également pensé au suicide. «J’avais mon plan, je voulais en finir. Je n’en pouvais plus», affirme-t-il.

C’est une fête surprise pour son anniversaire où 65 personnes étaient présentes qui l’a sauvé. «J’ai vu que je comptais pour plusieurs personnes», mentionne M. Mayrand.

Seconde vie

À 40 ans, ce père de 4 enfants a dû se trouver un nouveau boulot à sa retraite. «J’ai essayé plusieurs emplois qui n’ont pas fonctionné. Pas parce que je n’étais pas bon, mais ça ne me convenait pas», dit-il.

Depuis sa sortie des Forces armées canadienne, l’homme doit également s’absenter régulièrement pour recevoir des soins pour ses douleurs.

En 2013, la mairesse de Saint-Philippe, Lise Martin, l’a approché pour qu’il se présente comme conseiller municipal. Il a accepté l’offre et a été élu.

«Ça m’a permis de sortir de ma cage. J’en suis très reconnaissant. Il y a plusieurs vétérans qui sont obligés de prendre leur retraite. S’ils ont servi leur pays, ils peuvent contribuer à leur municipalité», soutient-il.

Le conseiller municipal ne se représentera pas aux prochaines élections. Afin d’aider les autres comme lui, M. Mayrand veut lancer sa propre entreprise, The smart space, qu’il souhaite étendre à tout le Canada. Elle permettra aux anciens militaires, mais aussi à des policiers, pompiers ou ambulanciers de devenir entrepreneurs.

Le principe sera de les jumeler à une entreprise afin de trouver leurs forces et leurs intérêts. Il les soutiendra ensuite tant qu’ils en auront besoin.  

«Aux États-Unis, il y a un programme qui se nomme boots to business. Sur dix PME qui ouvrent, il y en a une que c’est par un vétéran. On doit avoir le même bagage au Canada», mentionne-t-il.

M. Mayrand veut aussi aider les militaires à entamer la vie de civil. «La transition ne se fait pas du jour au lendemain. Elle est difficile pour certains. C’est important d’être bien entouré», soutient-il.