Le Tribunal du travail donne raison à un policier

le vendredi 29 juin 2018

Le Tribunal administratif du travail (TAT) a reconnu que le policier Robin Tremblay a subi une lésion professionnelle en 2015 de la part de certains de ses pairs à la Régie intermunicipale de police Roussillon.
La décision a été rendue par le juge Éric Ouellet le 13 juin. Robin Tremblay rapportait avoir vécu à l’été 2015 quatre événements où il s’est senti menacé par ses collègues. Le Tribunal lui a donné raison.
«Ces événements n’ont pas été contredits [par les personnes concernées] et le témoignage du travailleur est apparu crédible», indique le juge Éric Ouellet pour justifier sa décision.
Rappel des faits
Robin Tremblay a été affecté à la patrouille solitaire, alors qu’il faisait l’objet d’allégations criminelles de la part du syndicat de la Régie intermunicipale de police Roussillon en 2013. Il s’agissait d’une entente commune avec son employeur.
«À la patrouille solo, le travailleur a peu de contacts avec ses collègues», est-il écrit dans la décision.
En juillet 2015, le policier a été arrêté et formellement accusé de fraude et de vol.  L’employeur l’a alors affecté à des tâches administratives, «au grand mécontentement de Robin Tremblay», ajoute le tribunal. C’est lors de cette période que les événements rapportés sont survenus.
Dans sa décision, le juge Éric Ouellet remet en question le choix de l’employeur de retirer l’agent de la patrouille solo à ce moment et de le faire travailler chaque jour au poste.
«Il est pour le moins curieux que le travailleur ait été affecté à la patrouille solo pour éviter tout contact avec ses collègues, alors qu’il ne faisait face qu’à des allégations, tandis qu’au moment où des accusations formelles beaucoup plus graves sont portées contre lui, on l’affecte à un travail où il est directement en contact avec ses collègues», écrit-il.
De son côté, selon ce qui est écrit dans le jugement, la direction de la Régie a motivé cette décision par le fait qu’il y avait plusieurs personnes pour prévenir les altercations et que les craintes de Robin Tremblay étaient non fondées, puisqu’il acceptait constamment de faire des heures supplémentaires.
La Régie intermunicipale de police Roussillon et Robin Tremblay n’avaient pas encore donné suite aux demandes du Reflet.
Les accusations criminelles contre Robin Tremblay ont été retirées à la suite de son enquête préliminaire en avril 2017. Depuis son retour au travail dans ses fonctions complètes, le 22 mai 2017, «tout va bien», a-t-il indiqué au Tribunal.
Quatre événements rapportés
-Le premier a eu lieu à la fin du mois d’août 2015, alors que Robin Tremblay a croisé un lieutenant qui lui a dit: «Il fait chaud en crisse lorsque tu es ici. À ta place, je câlisserais mon camp», rapporte le TAT.
«Le travailleur dit s’être alors senti agressé», indique la décision.
-Le deuxième s’est produit dans la salle des casiers où se trouvaient quatre collègues. L’un deux a dit: «Vous auriez dû me le dire qu’il était là lui. Les autres se sont mis à rire», rapporte le TAT.
-Le troisième réfère à des regards menaçants d’un collègue qui a fixé le travailleur de façon agressive dans le corridor menant aux casiers, explique le tribunal.
-Le dernier consiste en la médiatisation de l’affaire judiciaire concernant le policier, notamment dans les pages du Reflet. Le fait que des collègues aient témoigné anonymement et que sa photo ait été publiée ont amené l’agent Tremblay à quitter son travail, est-il écrit dans la décision.
«Il est difficile pour le Tribunal de comprendre le choix de l’employeur.» -Juge Éric Ouellet