La fermeture de trois voies sur six dans le tunnel Louis-Hippolyte-Lafontaine de novembre 2022 à 2025 suscite plusieurs réactions et questions chez les lecteurs. Le Courrier du Sud a demandé au ministère des Transports du Québec (MTQ) d’y répondre.
Entrevue avec Gilles Payer, porte-parole à la direction des communications du MTQ.
Pourquoi ne pas alterner le sens des voies selon le trafic ?
«La gestion dynamique des voies nécessite des glissières de béton mobiles. Et ça prend un tracteur. Ça ne pourrait pas être utilisée dans le contexte du tunnel.
Et ça ne changerait pas grand-chose. Ce qui est typique du tunnel, c’est que l’heure de pointe est dans les deux sens tout le temps. Ç’a été étudié, il n’y aurait pas de gain.
Il a été choisi de garder une voie vers la Rive-Sud et deux vers Montréal parce que vers Montréal, ça provient de partout (route 132 Ouest, la 20, les villes environnantes…). Le goulot d’étranglement se fait à l’île Charron et ça prend du temps avant d’avoir une première sortie pour dégager. Si l’on avait une voie en direction de Montréal, avec la côte à monter dans le tunnel qui est assez importante pour les camions, ça va refouler à Longueuil, et on pourrait être arrêté longtemps dans le tunnel. On sait que ce n’est pas agréable.»
Construire plutôt un pont au-dessus du tunnel a-t-il été étudié ?
«Tout a été regardé. Mais la différence de coût – plus les désagréments – est vraiment trop grande. Pour construire un nouveau pont, il faudrait une structure assez haute pour dégager et avoir des rampes assez longues pour ne pas avoir une pente trop abrupte. Ça déboucherait où? On n’aurait plus les accès à Hochelaga, Notre-Dame, Sherbrooke, Souligny. Et ce serait très cher.»
Une réduction du prix du métro de Longueuil, et de ses stationnements, est-elle possible ?
«Des mesures tarifaires sont déjà là, d’autres sont prévues pour novembre et on étudie aussi d’autres possibilités. Rappelons qu’il y aura quatre nouvelles lignes d’autobus gratuites dès le début des entraves pour relier le métro Radisson aux stationnements Touraine, Mortagne, Beloeil, Varennes et Sainte-Julie, avec une voie réservée jusqu’à l’entrée du tunnel. Les stationnements, comme celui à Boucherville, sont sous-utilisés.»
Réserver une voie aux autobus, au covoiturage ou aux camions a-t-il été envisagé ?
«Pas dans le tunnel. Avec un débit journalier de 100 000 véhicules par jour, on ne peut se permettre, avec trois voies, une voie réservée pour les autobus ou pour les camions. Les camions représentent environ 13% de ce débit journalier.
Dès 2021, il était déjà prévu de faire des voies réservées pour les autobus sur l’autoroute 20 en direction de Montréal. Il s’agit de l’utilisation des accotements pour autobus (UAB), sur une distance de 25 km. Depuis décembre 2021, des services de bus ont été ajoutés.
Quant aux camions, dans un monde idéal, on leur donnerait priorité, mais ce n’est pas si simple. Le tunnel était déjà saturé avant les travaux. Le but est de retirer le plus possible d’autos solos par le télétravail, le métro, le bus, le covoiturage, la navette fluviale même. Chaque voiture qu’on va enlever de la route peut aider les camions.»
Qu’anticipez-vous pour novembre ?
«Nous rappellerons la fermeture et les mesures d’apaisement un mois à l’avance. Et on va regarder ce qu’il se passe au Jour 1, 2, 3… On compte aussi sur les entreprises pour être souples. Il faut planifier ses déplacements et éviter le secteur. Car on doit absolument remettre le tunnel à neuf, malgré les désagréments.»
Plus de bus, en place et à venirr
Nouvelles lignes d’autobus dès novembre
-Corridor Beloeil-Mtl : lignes 520 et 521 d’Exo;
-Corridor Varennes-Mtl : Ligne 532 d’Exo;
-Corridor Boucherville-Mtl : ligne 461 du RTL.
Mesures déjà en place
-Bonification de la ligne 61 du Réseau de transport de Longueuil;
-Ajouts de trois lignes de services de taxi collectif T89, T92 et T93;
-Bonification du taxi sur demande, sur le territoire du RTL.