Vivre avec un trouble développemental du langage (TDL) apporte son lot de défis. Le travailleur social de l’Association québécoise de la dysphasie – région Montérégie Francis Lemay en sait quelque chose puisqu’il vit lui-même avec un TDL sévère. Par son parcours personnel et son emploi, il souhaite aider les autres personnes dans sa situation à aller chercher des outils, à briser l’isolement et à persévérer.
Le trouble développemental du langage est la terminologie utilisée depuis 2017 pour ce qu’on appelait auparavant la dysphasie. Cela consiste en «des difficultés importantes dans le développement, l’apprentissage, l’utilisation et la maitrise du langage», explique l’Ordre des orthophonistes et audiologistes du Québec sur son site web.
«C’est un handicap invisible tant qu’on n’entre pas en communication ou en relation avec la personne. On ne voit pas ma difficulté à communiquer et à m’adapter à un nouvel environnement», mentionne M. Lemay en entrevue.
C’est vers l’âge de 2-3 ans que ses parents ont remarqué qu’il ne parlait pas beaucoup et que ses mots étaient souvent mal prononcés. «Par exemple, si je voulais expliquer : j’ai vu un camion, je disais : j’ai vu un vroum vroum. Si je voulais manger du chocolat, je disais : je veux manger du fougeât», illustre-t-il.
Des efforts constants
Le Châteauguois ajoute que le TDL va au-delà des problèmes liés à la parole. Il est plus difficile pour ces personnes de comprendre et de retenir de nouvelles informations.
Lors de l’entrevue avec Le Soleil de Châteauguay, l’autrice de ses lignes lui a fait remarquer qu’elle pouvait facilement le comprendre et qu’elle n’aurait pas deviné qu’il vit avec un trouble développemental du langage.
«Ma famille m’a énormément soutenu et m’a donné des outils pour faciliter l’apprentissage», répond celui qui est âgé de 34 ans aujourd’hui.
Sa mère, qui travaillait dans le domaine de la santé, a fait des pressions pour qu’il rencontre des spécialistes, comme un orthophoniste ou un orthopédagogue. Il a également passé deux ans dans des classes de langage avant de retourner en classe «régulière».
«Je me rappelle quand il y a eu la crise du verglas en 1998, j’avais de la misère à prononcer le mot électricité. Mes parents m’ont aidé à mieux prononcer le mot. Quand j’étais jeune, je disais : il n’y a plus de courant à la place. C’était plus facile à dire», raconte-t-il.
Aujourd’hui travailleur social pour l’organisme basé à Saint-Constant, Francis Lemay souhaite à son tour aider autant les enfants que les adultes.
«Ce n’est pas une question au niveau de l’intelligence. C’est l’adaptation et l’apprentissage qui sont différents, mentionne-t-il. Si on croit à leur potentiel et qu’on les met dans les situations gagnantes, les personnes TDL peuvent démontrer des exploits qu’on n’aurait jamais pu imaginer.»
L’Association québécoise de la dysphasie – région Montérégie offre de l’accompagnement personnalisé et différentes activités pour aider à briser l’isolement. Les parents qui soupçonnent un TDL chez leur enfant sont invités à en parler à un médecin ou au CLSC.
Quant aux personnes TDL, Francis Lemay les encourage à persévérer. «Il ne faut pas lâcher. Ça arrive des moments difficiles, mais vous allez y arriver», conclut-il.