Trouver de la main-d’œuvre à tout prix

le vendredi 20 septembre 2019

Recrutement de travailleurs étrangers ou d’employés flottants, modification des critères d’embauche, remise de bourses et incitatifs divers: les moyens utilisés par les entreprises de tous les secteurs sont nombreux pour pallier le manque de main-d’œuvre qui sévit dans la région.    

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Normand Savard, propriétaire du restaurant la Piazzetta à Candiac depuis 14 ans, fait partie de ceux qui manquent de personnel.

«Ça a commencé il y a environ deux ans», dit-il.

Faute d’employés, il a fermé les portes de son resto une quinzaine de jours dans la dernière année. De plus, cet été, il a dû travailler lui-même dans les cuisines une vingtaine d’heures. Il lui est arrivé d’embaucher des employés qui ne se sont pas présentés à leur première journée au boulot.

À l’usine Goodfellow à Delson, une note interne dont Le Reflet a obtenu copie offrait aux employés qui en recruteraient d’autres une carte prépayée de 100$.

Il suffit de fréquenter les commerces de la région pour constater que le manque d’employés est généralisé; partout, on aperçoit des affiches pour inviter les candidats à postuler.

De son côté, la rôtisserie Benny & Co. est une des rares compagnies à ne pas vivre la pénurie. Parmi ses mesures pour se rendre plus attrayante, elle offre des bourses d’étude de 500$ à 1000$ et fait tirer un certificat de voyage de 2 500$ par année, des horaires flexibles et des escomptes sur les repas, rapporte un article de Les Affaires publié en mai.
«Si les employés ne sont pas heureux, ils vont ailleurs. Il y a beaucoup moins de sentiment d’appartenance.»

-Normand Savardr
De son côté, M. Savard n’a eu d’autre choix que d’essayer de nouvelles méthodes d’embauche. Comme les offres d’emploi publiées sur des plateformes multiples ne donnaient aucun résultat, il a récemment recruté un cuisinier en France. Le regroupement Piazzetta fait affaire avec une agence de liaison du gouvernement fédéral pour trouver des candidats d’ailleurs. Celle-ci fait le pont pour accueillir des immigrants qui souhaitent venir travailler au Canada.

«Pour une PME comme la mienne, ça aide beaucoup», confie-t-il.

M. Savard explique que Luka Laloux, 26 ans, est venu exclusivement pour travailler à son restaurant.

«Les conditions de travail et les salaires sont beaucoup mieux ici», dit ce dernier, surpris d’apprendre que la main-d’œuvre se fait rare au Québec.

La Piazzetta a aussi recours à des employés flottants, c’est-à-dire des gens qui travaillent dans plusieurs restaurants de la franchise selon les besoins. Dans ce cas, leur hébergement et leur transport sont payés par le propriétaire qui les emploient.

M. Savard ne cache pas néanmoins que ces méthodes d’embauche engendrent des coûts et beaucoup de logistique.

Critères d’embauche

Dans ce contexte de rareté de la main-d’œuvre, certaines entreprises doivent parfois abaisser leurs critères pour embaucher. C’est le cas de Gabriel Stall-Paquet, propriétaire du garage Touchette pneus et mécanique à Saint-Constant. Dans les périodes achalandées, comme celles des changements de pneu, il manque de personnel.

«On engage des employés moins qualifiés et moins fiables [qui sont supervisés]. On n’a pas le choix», dit-il.

Le propriétaire de la Piazzetta a d’ailleurs pris la décision d’engager un employé qui n’avait pas d’expérience.

«Il a du cœur et veut travailler. Ça, c’est devenu rare. On mise sur d’autres qualités», dit-il.

M. Savard est d’avis que les entreprises ont de la difficulté à s’adapter aux changements. Il croit que les attentes et priorités des employés ne sont plus les mêmes, notamment au niveau des tâches et des horaires, ce qui expliquerait le roulement constant de ceux-ci.

Postes vacants 

Selon l’Enquête sur les postes vacants et les salaires (EPVS) de Statistique Canada:

-19 265 postes affichés en Montérégie au terme du dernier trimestre de l’année 2018;

-Le taux de postes vacants est passé de 2,9% à 3,4% en un an en Montérégie;

-Selon des projections pour la période 2017-2021, 56 professions sont en déficit en Montérégie, dont 36 hautement qualifiées;

-30% des postes vacants ne nécessitent pas d’études supérieures;

Les trois secteurs au taux de postes vacants les plus élevés: 

-Hébergement et restauration (4,7%);

-Mines, pétrole et gaz (4,2%);

-Fabrication (4%).

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