«Un bar ouvert» pour les gazières et pétrolières, soutient le député de Sanguinet

le vendredi 16 décembre 2016

Le député Alain Therrien prévoit que le Québec se transformera en «bar ouvert» pour les entreprises gazières et pétrolières. Selon le représentant de Sanguinet, faute de règles précises, la loi 106 sur les hydrocarbures permettra aux compagnies d’effectuer l’exploitation du sous-sol là où elle le désire.

«Il n’y a rien qui empêche la fracturation hydraulique à La Prairie. Les compagnies savent qu’il y a du gaz de schiste sur la Rive-Sud», affirme le député.

Selon le quotidien Le Devoir, La Prairie fait partie d’un ensemble de municipalités de la Rive-Sud, dont Châteauguay, qui sont visées par un permis d’exploration accordée avant que la loi 106 ne soit adoptée le 9 décembre. Elles ne sont pas comprises dans les zones d’exclusion définies par la nouvelle législation.

«Nous avons demandé un moratoire concernant les basses-terres du Saint-Laurent et l’interdiction de la fracturation hydraulique. Le gouvernement a refusé. On fait une loi sur les hydrocarbures pour baliser la production, mais il n’y a pas de balises! C’est l’équivalant de signer un chèque en blanc», dénonce Alain Therrien.

Le député a été mandaté par son parti pour étudier la loi 106 avant son adoption.

Perte pour les MRC

Le député déplore que la loi 106 enlève aux MRC le pouvoir d’empêcher d’éventuels projets d’exploration et d’exploitation dans leur région.

«La MRC de Roussillon ne pourra pas interdire le forage près d’un cours d’eau ou d’une source d’eau potable. Les MRC ont perdu le contrôle de leur territoire. Elles n’ont plus leur mot à dire», s’indigne le député.

«Les entreprises peuvent même faire de l’exploration chez vous», poursuit M. Therrien.

Le principal intéressé dénonce l’article 55 de la loi 106 qui confère aux compagnies un droit d’expropriation d’intérêt privé.

«Si ces compagnies trouvent qu’en-dessous de votre terrain il y a une source de gaz de schiste, elles font vous proposer un montant X pour votre terrain. Si vous refusez, elles font vous exproprier. C’est du jamais vu! Le ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles Pierre Arcand dit que toute demande d’expropriation sera traitée par le gouvernement. D’accord, mais pourquoi alors avoir mis cet élément dans la loi?»

Épouvantail

Le député provincial de La Prairie, le libéral Richard  Merlini, accuse les opposants de «brandir l’épouvantail».

«La loi 106 n’a pas pour objectif de faire la promotion des hydrocarbures, mais bien d’encadrer cette filière qui ne l’est pas depuis trop longtemps. Cette loi met fin au Far-West en clarifiant les obligations des promoteurs des hydrocarbures», mentionne le député.

Contrairement aux affirmations d’Alain Therrien, cette loi, selon M. Merlini, permettra «aux municipalités de gérer le développement de leur territoire. Elles seront plus informées, plus impliquées et auront accès à de nouveaux pouvoirs décisionnels», déclare le politicien.

«Les entreprises, enchaîne-t-il, seront maintenant soumises à de nouvelles conditions avant que puisse se réaliser un projet de production d’hydrocarbures. Nous avons toujours été clairs. La loi vise à mettre en place une réelle transition énergétique pour le Québec incluant un encadrement strict des hydrocarbures tout en permettant une protection de l’environnement et des citoyens.»

Le député n’a pas commenté le fait que La Prairie figure parmi les villes sujettes à d’éventuelles prospections. Quant à la Ville de La Prairie, elle n’a pas répondu à nos questions.

 

Autres municipalités

Selon Le Devoir, outre La Prairie et Châteauguay, les villes de Longueuil, Saint-Lambert, Brossard, Saint-Jean-sur-Richelieu, Chambly, Saint-Bruno-de-Montarville, Beloeil et Saint-Hyacinthe sont couvertes en partie ou en totalité par des permis d’exploration.