Un Constantin victime de profilage racial s’adresse aux tribunaux

le lundi 10 janvier 2022

Malik Smith, homme noir, a été arrêté chez lui en 2017 par la Régie intermunicipale de police Roussillon à la suite de l’appel d’un policier qui n’était pas en service, mais qui le suspectait d’appartenir à un gang de rue. Après plusieurs démarches pour obtenir justice sans succès, la famille se tourne désormais vers la Cour du Québec.

Le 21 juin 2017, à 10h, le jeune homme de 20 ans gare sa voiture proche de son domicile pour utiliser son cellulaire et fumer une cigarette. Le propriétaire de la maison devant laquelle il se trouve sort de chez lui et lui demande de quitter les lieux, puis note la plaque de son véhicule. À 10h59, Malik Smith rentre chez lui où il est appréhendé par des policiers armés, mis au sol, puis menotté. Il est emmené au poste de police où il sera détenu pendant neuf heures.

La même année, le Centre de recherche-action sur les relations raciales (CRARR) dépose au nom du jeune homme une première plainte auprès du Commissaire à la déontologie policière. C’est au cours de l’enquête du Commissaire que le CRARR et M. Smith apprennent que le propriétaire de la maison est en fait un policier. Le CRARR allègue que le policier aurait contacté le poste, car il avait des suspicions sur le jeune homme, sa belle-fille ayant eu des ennuis avec un homme noir lié aux gangs de rue, soutient-il.

Peu après qu’il ait demandé à M. Smith de quitter les lieux, le policier aurait entendu un bruit qu’il aurait pris pour un coup de feu. Il s’agissait plutôt de l’explosion d’un transformateur électrique, avait confirmé à l’époque Hydro-Québec.

Nouvelle plainte déposée

Après que ces nouvelles informations aient été dévoilées, la famille de M. Smith dépose une nouvelle plainte le 26 février 2019, mais cette fois-ci devant de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse (CDPDJ).

Plus de deux ans plus tard, en novembre dernier, la Commission statue que M. Smith a été victime de discrimination et de profilage racial et propose à la partie mise en cause, de façon non contraignante, de lui verser en dommages 44 000$ et à sa mère, 17 000$. Le policier mis en cause avait jusqu’au vendredi 3 décembre pour se conformer à l’avis de la CDPDJ et verser les dommages moraux, ce qu’il n’a pas fait dans les temps.

«La décision du CDPDJ a lancé un message fort avec des montants élevés dans ce type d’affaires, notamment pour les jeunes noirs automatiquement associés aux gangs de rue. C’est un avis particulier qui a reconnu sa mère comme victime par ricochet, puisqu’elle n’a pas été autorisée à voir son fils au poste de police et à rentrer chez elle avant 20h30, sa maison étant fouillée», soutient au Reflet Fo Niemi, directeur général du CRARR.

La famille Smith porte maintenant l’affaire devant le Tribunal des droits de la personne du Québec. L’audience doit avoir lieu au courant de l’année.

Bien qu’il se soit entretenu avec différents médias, M. Smith n’a pas voulu discuter avec Le Reflet. Quant à la Régie intermunicipale de police Roussillon, elle n’a pas souhaité commenter, faisant valoir que plusieurs procédures judiciaires sont en cours dans ce dossier.