VIDÉOS – Un élevage familial d’alpagas à Saint-Constant

le mercredi 11 novembre 2020

Tous les matins, Késia Fournier se rend dans sa cour où elle est accueillie par Réglisse, Diva, Opale, Gracia et Chasqui, ses alpagas. Il y a deux ans, elle et son mari se sont lancés dans l’élevage de ces animaux, dont ils utilisent la fibre pour confectionner toutes sortes de produits qu’ils vendent dans leur boutique.

L’aventure a commencé lors d’une visite familiale dans une ferme ouverte avec leurs deux filles, Moly et Tiana, il y a quelques années.

«On parlait avec les éleveurs et on est revenus à la maison remplis d’un certain rêve qu’on croyait impossible au début parce qu’on avait notre travail», relate Mme Fournier.

Le couple a été charmé par le côté «paisible» de ces animaux originaires de la Cordillère des Andes et l’aspect «pacifique» de ce type d’élevage.

«On garde nos animaux toute leur vie, on en prend soin, on peut s’y attacher. Mais ce ne sont pas des animaux qu’on va tuer pour la viande. Ça respectait mes valeurs, souligne-t-elle. On a fini par se dire: pourquoi pas?»

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Qualité de la fibre

Alpaga Cités des Andes est située sur la montée Fyfe, à cinq minutes de la ville. Késia Fournier et son mari, Francisco Herrera, y ont construit un enclos ainsi qu’une cabane pour accueillir leurs nouveaux amis. À ce jour, le couple élève quatre femelles, qui ne peuvent cohabiter avec des mâles. À celles-ci s’ajoute toutefois le jeune Chasqui, le bébé d’Opale.

«On préférait commencer avec peu d’animaux, mais de qualité», dit-elle en faisant référence à leur fibre.

«Quand on embarque là-dedans, on devient un peu fou! lance-t-elle à la blague. On veut une fibre fine, douce, fournie et longue.»

Sa qualité influence d’ailleurs le coût de l’animal, qui peut varier entre 500$ (pour un alpaga non-enregistré) et plusieurs milliers de dollars.

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Nouveau mode de vie

Avec ces animaux dans la cour, les fins de semaine en famille à l’extérieur ne sont plus possibles. Il s’agit d’un nouveau mode de vie.

«On était prêts à ça», affirme toutefois Késia Fournier.

Puisqu’elle et son mari ont gardé leur emploi respectif, la femme de 38 ans se lance dans la création de ses produits le soir, après avoir couché les enfants.

Tuques, châles, pantoufles, balles de séchage, semelles, toutous, bas; il n’y a rien que Késia Fournier ne fait pas avec la fibre de ses alpagas et celle des animaux d’amis éleveurs lorsqu’elle en manque. Le tout est confectionné à l’ancienne.

«Il y a une partie de la fibre que je fais filer dans un moulin et une partie que je vais filer moi-même avec mon rouet. Celle qui arrive du moulin est filée à la perfection, alors que l’autre a un aspect plus artisanal. Ensuite, je vais tricoter avec des broches, des tricotins ou des machines à tricoter. Je tisse avec des métiers à tisser. Il y a certains produits aussi que je vais feutrer à l’aiguille», énumère-t-elle.

Selon la partie du corps d’où provient la fibre, elle confectionne des produits différents.

«Avec ce qui vient des pattes, je fais des produits qui ne sont pas en contact direct avec la peau et qui ne nécessitent pas autant de douceur», exemplifie-t-elle.

Passion création

Passionnée d’animaux et de création, Késia Fournier s’épanouit pleinement dans sa nouvelle vie d’éleveuse d’alpagas.

«J’aime l’aspect naturel et tout le processus, souligne-t-elle. Je pars de mon animal que j’ai nourri et soigné toute l’année. J’ai toute la toison, je la travaille et j’ai le produit fini. Je me dis « hey, ça vient de ma belle Gracia! ».»

Il est possible de rendre visite aux alpagas de la Cité des Andes en prenant rendez-vous.
«Tout est fait dans le respect et l’amour des animaux.»

-Késia Fournierr
L’heure de la tonte

Chaque année, vers la dernière semaine de mai, l’heure de la tonte sonne. Il s’agit d’une aventure qui nécessite une longue préparation. «On prépare notre équipe d’avance», indique Késia Fournier.

Avant la tonte, l’équipe attache l’alpaga de façon à ce qu’il soit immobile, «pour sa sécurité et celle de la personne qui tond». Pas de panique; il n’est pas question de cruauté, assure la mère de famille.

«On les attache par précaution; les deux pattes devants et les deux pattes derrière», ajoute-t-elle.

Au moment de la tonte, l’éleveuse réalise un premier tri de la fibre en la séparant selon les «grades», ce qui facilitera son travail de traitement par la suite.

«La partie sur le dos, c’est la meilleure, la plus douce. La fibre du cou est très douce aussi, mais plus courte», laisse-t-elle savoir.

«Après la tonte il faut nettoyer les brindilles, laver la fibre, la traiter», ajoute-elle.

Notons que le moment de la tonte est également celui où les éleveurs taillent les ongles et les dents du bas des alpagas.