Un enseignant crée un jeu d’évasion pour faciliter la compréhension de la philo

le jeudi 13 octobre 2022

Marc Lamontagne a adoré ses cours de philosophie au cégep. «Ç’a été une révélation pour moi», témoigne celui qui enseigne aujourd’hui la matière au cégep Édouard-Montpetit. Tous n’ont toutefois pas eu ce coup de foudre. Afin de garder l’intérêt de ses étudiants et les inciter à effectuer leurs exercices, l’enseignant a développé un jeu d’évasion.

L’idée lui est d’ailleurs venue durant la pandémie, alors qu’il ne recevait que très peu des exercices qu’il envoyait à sa classe.

«Comme je m’ennuyais un peu, j’ai contacté la Direction des systèmes et technologies de l’information (DiSTI) afin de réaliser un jeu à partir de mes exercices», explique en entrevue au Courrier du Sud.

La Direction, avec l’appui de l’analyste et chargée de projet au cégep Maryse Tanguay, l’a aidé à monter un jeu d’évasion en ligne en y intégrant les exercices. Le concept est simple : les joueurs doivent sortir d’un manoir et pour cela, ils doivent résoudre des énigmes en traversant trois salles, contenant chacune des questions.

Le jeu a été testé pour une première fois dans une classe multimédia à la session d’hiver 2022 et le résultat a été probant.

«Ils ont travaillé en équipe et ils ont tout fait le jeu! On les voyait discuter : « ah non, ça, c’est pas bon, on essaie ça ». J’ai vraiment trouvé ça intéressant, je me suis dit : on l’a!» raconte l’enseignant.

Animation 3D

Si Marc Lamontagne se garde de mettre une corrélation entre son jeu d’évasion et les succès de ses étudiants, il a toutefois remarqué une différence importante sur un aspect.

«Ç’a créé une dynamique de classe et une motivation chez les étudiants, mais c’est surtout dans les rédactions que j’ai vu une différence. J’ai entre autres remarqué chez les plus faibles que ça leur permettait au moins de ne pas contredire l’auteur [étudié]», souligne-t-il.

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L’interface du jeu d’évasion. En cliquant sur différents objets, des énigmes sont à résoudre. (Photo : Capture d’écran)

 

Ces premiers résultats prometteurs l’ont d’ailleurs encouragé à proposer un projet de développement sur le jeu, qui a été accepté.

Il s’est ainsi associé à un professeur en techniques d’intégration multimédia (TIM) et suit un cours d’animation 3D avec des étudiants du cégep avec le but de développer ses propres compétences afin de faire le jeu. De cette façon, il pourra l’adapter selon l’enseignement.

«Le professeur a même accepté d’intégrer dans le cours même le projet. Donc, les étudiants, pour leur projet de session, doivent concevoir une pièce du manoir», indique par ailleurs M. Lamontagne.

Ce dernier assure qu’il n’avait pas imaginé que son projet prendrait une telle ampleur lorsqu’il a eu l’idée de départ.

«Ça, c’est vraiment grâce à la collaboration de la DiSTI, des collègues, des profs de TIM. C’est très enthousiasmant. Moi, j’aurais peut-être juste fait un jeu de cartes au fond!» conclut l’enseignant.

 

Principe logique

Un des premiers constats de Marc Lamontagne, lorsqu’il a commencé à enseigner la philosophie, est que les étudiants ne connaissaient pas les principes logiques de base.

«Pourtant, c’est vraiment à partir de ça qu’on peut aller plus profondément dans les lectures philosophiques, soutient-il. Et ce n’est pas facile. Des fois, l’étudiant voit un texte d’Aristote par exemple et il ne voit que des mots!»

C’est ainsi qu’il a développé des ateliers sur la logique, avec l’aide d’un stagiaire.

«J’en ai des centaines. Des exercices de petite logique, comme la proposition logique : tous les chats sont gris, quelques chats ne sont pas gris. Mais j’ai joué avec, en m’inspirant du livre qu’on lit pour qu’ils apprivoisent un peu le vocabulaire. Donc, dans l’exercice, on voit les mots qu’utilise Platon, et ensuite, ils lisent le livre, reconnaissent les mots et sont capables de décortiquer en proposition simple le propos de l’auteur», mentionne M. Lamontagne.

Ces exercices sur la proposition logique ont été intégrés à la première version du jeu.