Un Laprairien conteste son expulsion d’un comité de la Ville

le jeudi 3 novembre 2022

Un membre du Comité de consultation d’urbanisme (CCU) de la Ville de La Prairie en a été remercié après un manquement au Code de déontologie des bénévoles.

Éric Cyr a siégé bénévolement sur ce comité pendant 24 ans.

Le conflit à l’origine de son expulsion est survenu à la séance du conseil municipal du 20 septembre. Lors de la période de questions, M. Cyr a demandé au maire Frédéric Galantai s’il avait été invité à la rencontre organisée par l’Union des municipalités du Québec où les maires des villes environnantes étaient présents. M. Galantai a répondu qu’il avait bel et bien été invité, mais que «la Ville avait des dossiers bien urgents à régler à La Prairie, que ce soit le dossier du golf ou le dossier du moratoire».

«Pour moi, la présence du maire et des conseillers [à cette rencontre] est importante, fait valoir M. Cyr au Journal. C’est là que l’union fait la force et que les villes peuvent présenter leurs projets.»

M. Cyr a questionné le maire sur son emploi du temps, tout en révélant qu’il l’avait vu en train de tondre son gazon chez lui, pendant la rencontre de l’UMQ. Le maire lui a répondu que son cellulaire est toujours ouvert, puisque son métier l’occupe «24 heures sur 24 et 7 jours sur 7».

«Je pense que j’ai le droit occasionnellement de prendre un petit peu de temps pour aller couper mon gazon», a-t-il répliqué.

C’est la conseillère Marie Eve Plante-Hébert qui a assisté à la rencontre de l’UMQ.

Conséquence

M. Cyr a été rencontré le lendemain de la séance par le conseiller municipal Vincent Noël, qui préside le CCU. Ce dernier l’a informé qu’il ne faisait plus partie du comité. Le bénévole estime que la scène s’est déroulée très rapidement avant la rencontre du groupe. Pourtant, la Ville n’offre pas la même version.

«M. Noël a informé M. Cyr de son intention de recommander sa destitution du CCU à la prochaine séance du conseil municipal, fait savoir Dominique Beaumont, directrice des communications. M. Noël lui a expliqué les raisons qui motivaient sa décision et lui a remis une copie du code d’éthique et de déontologie des membres des comités et commissions.»

Elle ajoute que M. Noël lui a indiqué que seul le conseil municipal pouvait destituer un membre et donc qu’il pouvait assister à la prochaine séance du comité en attendant le verdict, ce que M. Cyr a refusé.

«Je trouve qu’ils ont été drastiques dans la façon de faire, soutient le principal intéressé. Il est censé avoir une dégradation des cas.»

De son côté, la Ville indique que le code de déontologie «ne prévoit pas de gradation des sanctions en cas de manquement ou d’inconduite de la part d’un membre».

«[La sanction est] selon la nature et la gravité du manquement ou de l’inconduite, souligne Mme Beaumont à propos de l’article 3.7 du code de déontologie. Les sanctions qui peuvent être prises sont le rappel à l’ordre, la réprimande ou le retrait de son titre de membre du comité.»

De plus, elle ajoute qu’«à tout moment, le conseil municipal peut mettre fin au mandat d’un membre».

«L’article 70,1 de la Loi sur les cités et villes est très clair à cet égard. Le conseil peut nommer des commissions permanentes ou spéciales, composées d’autant de ses membres qu’il juge nécessaires, pour la surveillance de l’administration des divers départements civiques pour lesquels elles sont respectivement nommées, et pour l’administration des affaires qu’il peut, par règlement ou résolution, leur confier», précise Mme Beaumont.

Débat

Lors de la séance du conseil municipal du 18 octobre, une résolution a été présentée pour retirer M. Cyr du CCU. Un débat initié par la conseillère municipale Marie Eve Plante-Hébert s’en est suivi.

«Peut-être que la façon dont il s’est exprimé était insolente ou impolie, mais je ne pense pas que ça mérite un renvoi après 24 années auprès d’un comité», a-t-elle dit d’entrée de jeu.

Sa collègue Paule Fontaine a abondé dans le même sens en jugeant que la conséquence a été «drastique». Quant à Patrick Dion, même s’il n’était pas d’accord avec la manière dont M. Cyr s’est prononcé, il juge que son renvoi pourrait créer un mauvais précédent.

«Je pense que c’est important qu’on s’assoie et qu’on regarde de quelle façon on va procéder à l’avenir, a-t-il dit. Si on met tout le monde dehors à la moindre anicroche, nous n’aurons plus de personnes dans nos comités.»

Cinq conseillers se sont prononcés pour le renvoi de M. Cyr, contre trois. Le maire s’est abstenu de voter.

Partisanerie?

Éric Cyr ne cache pas qu’il s’est affiché ouvertement en faveur de l’ancien maire Donat Serres lors des dernières élections municipales. Il croit que son renvoi a été alimenté par la partisanerie.

«Si on recule un peu en novembre 2021, mon mandat finissait et le nouveau conseil devait statuer sur mon bénévolat, explique-t-il. Des discussions ont eu lieu à l’intérieur du conseil, mais pour moi le lien de confiance n’était déjà plus là.»

La Ville nie catégoriquement ses allégations.

«Il s’agit d’un manquement au code d’éthique et de déontologie des membres des comités et des commissions […] pas de partisanerie, assure Mme Beaumont. D’ailleurs, le conseil municipal actuel a renouvelé le mandat de M. Cyr comme membre du CCU, en avril dernier, même si ce dernier s’était affiché comme partisan de l’équipe précédente.»

Selon l’article 2.2.1 sur la réputation du comité, le membre doit contribuer au maintien et à la défense de la bonne réputation du comité et du conseil municipal.

«M. Cyr a enfreint la clause par laquelle il s’était engagé à ne pas ternir la réputation du comité et du conseil municipal, ce qui a brisé le lien de confiance entre le conseil municipal et [lui]», conclut-elle.

Le maire et M. Cyr se disent ouverts à se rencontrer pour régler leur différend. Par ailleurs, les deux se sont rencontrés l’hiver dernier à la demande de M. Cyr pour parler de son renouvellement de contrat.