Un Laprairien déployé en Lettonie pour appuyer l’OTAN

le mercredi 30 mars 2022

Déployé depuis 8 mois en Lettonie dans le cadre d’une mission des Forces armées canadiennes, le major Kim Bériault vit de près l’action entourant les pays alliés de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN), qui cherchent une sortie de crise à celle qui a cours en Ukraine. Le natif de La Prairie a témoigné au Reflet du climat qui règne dans sa nouvelle terre d’accueil.

Dans le jargon militaire, Kim Bériault est un chef J3. Pour le commun des mortels, il est «la personne responsable des opérations au quartier général», décrit-il en riant en entrevue virtuelle avec le Journal, le 22 mars.

À l’écran, il est assis au bout d’une longue table derrière laquelle des drapeaux du Canada et de la Lettonie sont installés. Il est 17h à Riga, l’heure à laquelle ses journées de travail se terminent généralement, confie-t-il.

«Mais le contexte opérationnel actuel fait en sorte que mes journées se prolongent un peu», admet l’homme de 37 ans.

Les personnes déployées en Lettonie, pays membre de l’OTAN, s’exercent dans l’éventualité qu’une agression extérieure survienne. Si les forces en présence travaillent de façon concertée au terme de leur opération, elles obtiendront une certification de l’organisation politico-militaire, fait savoir le major.

Au quartier général, Kim Bériault coordonne une équipe constituée d’une dizaine de personnes dont la responsabilité est de s’assurer que «les tâches soient effectuées et qu’elles amènent des résultats», explique-t-il.

Pour ce faire, le Laprairien d’origine prévoit résider en Lettonie «pendant les trois à quatre prochaines années», accompagné de sa conjointe et de ses enfants, précise-t-il.

«C’est sû que je suis chanceux de pouvoir vivre ici avec eux, ce qui n’est pas le cas de tous, convient celui dont la maman demeure toujours à La Prairie. Autrement, je discute avec mes proches au Canada par Zoom. C’est facile de pouvoir leur donner des nouvelles.»

Une partie des frais pour se loger est couverte par l’armée, puisque le coût de la vie dans la capitale est particulièrement élevé, fait savoir celui qui a vécu à La Prairie jusqu’à l’âge de 17 ans.

«Situation inquiétante»

Signe de l’importance de l’opération en cours en Lettonie, le premier ministre du Canada Justin Trudeau a rencontré des militaires canadiens à Riga au début du mois de mars, puis s’est entretenu avec des leaders politiques membres de l’OTAN. Bien que le major ne l’ait pas rencontré en personne, il raconte avoir participé à son arrivée «qui a nécessité une grande préparation», précise celui qui a aussi été déployé en Israël et en Afghanistan au cours de sa carrière dans les forces.

Ce dernier convient que la situation est inquiétante «d’un point de vue global». Il préfère néanmoins l’analyser avec un esprit rationnel et logique, dit-il, même si la Lettonie partage sa frontière avec la Russie.

«La majorité des effectifs russes se trouvent en Ukraine, rappelle-t-il. Puis, nous restons prêts à intervenir s’il le faut. Nous gardons le même niveau de contrôle et sommes toujours en bonne posture. L’OTAN sera prête à répondre si nécessaire.»

D’après Kim Bériault, le stéréotype voulant que le Canada soit «l’ami de tous» favorise ses militaires dans leurs opérations internationales.

«Notre soutien additionnel à la Lettonie semble très apprécié», conclut-il.

Pays accueillant

Kim Bériault a passé six mois en Ukraine en 2019 dans le cadre de l’opération UNIFIER auprès des Forces de sécurité du pays. L’instructeur à l’époque garde de beaux souvenirs de son séjour, dont l’objectif était de soutenir et conseiller les militaires ukrainiens.

«Lviv, où je suis resté le plus longtemps, est une ville extraordinaire, Kyiv aussi. C’est dans la culture du peuple d’être extrêmement accueillant. C’est facile de tisser des liens avec les Ukrainiens», décrit-il.

Le Laprairien qualifie la situation dans laquelle est plongé ce pays «d’extrêmement triste».

«On cherche toujours d’autres options que la guerre, fait-il remarquer. C’est plate de voir que le pays où j’ai travaillé est complètement détruit.»

«D’être dans l’action me donne le sentiment d’être en contrôle, me fait sentir mieux par rapport à la crise.»

-Kim Bériault, major