Un médecin de Delson suspendu par le Collège des médecins

le mercredi 9 août 2023

Un médecin de la Clinique Trait-D’Union, à Delson, a été déclaré coupable par le Conseil de discipline du Collège des médecins du Québec d’avoir omis d’assurer un suivi médical requis par l’état de santé de son patient et d’avoir fait défaut de rédiger une note au dossier médical du même patient, qui s’est vu diagnostiquer un cancer de la prostate deux ans plus tard.

Le Dr Philippe Smith a enregistré un plaidoyer de culpabilité aux deux chefs. Il s’est vu imposer une suspension de deux mois et deux semaines par le Conseil, le 27 juin.

Les faits remontent au 12 février 2018. Lors d’une consultation, le médecin remet une requête afin que le patient effectue des examens en laboratoire dans un délai d’un mois, dont un contrôle d’antigène prostatique spécifique (APS), avec un suivi dans un délai de quatre mois.

Le Dr Smith demeure sans nouvelles du patient jusqu’à ce que ce dernier effectue les tests de laboratoire demandés le 18 juin 2020, soit plus de deux ans plus tard. Entretemps, le médecin ne tente pas de contacter le patient ni d’effectuer un suivi.

Lorsque le médecin reçoit les résultats des tests, il constate que tout est normal, à l’exception du taux d’APS élevé, mais il n’en avise pas son patient. Huit jours plus tard, le médecin complète une requête afin que celui-ci effectue un contrôle d’APS d’ici six semaines. Il appose sur la requête un post-it à l’attention du personnel administratif de la clinique afin qu’il avise le patient. Cependant, il n’inscrit aucune note au dossier.

Contacté par son patient le 8 décembre 2020 alors que celui-ci est aux prises avec une douleur au coccyx, Dr Smith constate que la requête ne lui a pas été remise par le personnel de la clinique et qu’il n’a jamais été contacté par son bureau.

Réalisant son erreur, le médecin de Delson avise immédiatement son patient, lui présente ses excuses et multiplie les efforts pour accélérer l’investigation et sa prise en charge.

Dr Smith formule une autre requête et reçoit le patient le lendemain, soit le 9 décembre 2020, afin de l’ausculter et lui donner les résultats des tests. Il ordonne aussi des examens en urologie et l’informe de tous les résultats dans les plus brefs délais. Résultat: un cancer de la prostate est diagnostiqué.

Plainte

Le Conseil de discipline du Collège des médecins a conclu que le médecin a manqué de rigueur dans la tenue du dossier et d’un manque d’obligation d’aviser le patient de son résultat d’APS anormal.

«Dr Smith n’a pas jugé important de noter au dossier ce résultat qui pourtant nécessitait un suivi puisqu’il s’agissait d’un test pouvant identifier un début de cancer de la prostate, déclare l’experte Dre Emmanuelle Huchet. Il y a eu aussi un manque de communication défaillant envers le secrétariat et les demandes de tâches administratives.»

Elle croit que si le médecin s’était assuré d’un suivi médical avec le patient, même téléphonique, l’erreur aurait été identifiée plus tôt.

«Il fallait être doublement plus vigilant avec ce patient et s’assurer qu’il refasse un second test. Un rendez‐vous aurait pu permettre de bien vérifier que le patient ait bien fait son test et ensuite expliquer les démarches suivantes. C’est un manque de diligence de ne pas assurer un suivi plus rigoureux pour un dosage d’APS à 18.6.»

Le médecin a revu ses pratiques

Dr Smith confirme qu’il a beaucoup appris de cette expérience qu’il qualifie de «malheureuse». Il souhaite présenter des excuses sincères à son patient pour ses manquements et ajoute qu’il a suivi un cours «Suivi des résultats d’examens» en date du 14 avril 2022 afin de pallier ses lacunes.

Depuis, le Dr Smith a pris plusieurs mesures concernant la prise en charge des patients et les suivis dans certains dossiers. Depuis plus de deux ans, toute requête est maintenant complétée via le Dossier médical électronique (DMÉ). Selon le médecin de Delson, cette façon de faire comprend divers avantages, dont l’inscription automatique au dossier du patient et des examens demandés une fois effectués.

Le médecin de Delson assure le Conseil qu’il comprend maintenant la nécessité de toujours compléter les dossiers des patients en y inscrivant des notes détaillées.