Claude Dufresne, naturiste de Longueuil, a piégé un pédophile qui sollicitait des photos d’enfants nus sur les réseaux sociaux.
Claude Dufresne a été contacté en février par un individu, sur un groupe Facebook de naturisme dont il est membre.
La méthode du pédophile était bien rodée. Il se présentait sur les réseaux sociaux comme un naturiste français vivant à Montréal, marié avec deux enfants. Il échangeait sur les lieux de naturisme. Il se faisait également passer pour un membre de la Fédération québécoise de naturisme (FQN) et un organisateur d’activités familiales.
Après avoir mis ses correspondants en confiance, il envoyait des photos de lui, de sa femme puis de ses supposés garçons de 15 ans et 19 ans, nus, avant d’en demander en retour.
«Le naturisme ce n’est pas cela, c’est un merveilleux mode de vie qui se pratique dans le respect de soi et des autres, déclare M. Dufresne. Mais des intrus peuvent s’infiltrer, nous devons rester vigilants. La méconnaissance et le mélange entre nudité et sexualité sont un problème.»
Premières vérifications
Cernant très vite son interlocuteur, M. Dufresne a décidé de continuer les échanges.
«J’ai fait parvenir en parallèle les photos reçues aux présidents de la FQN, Jean-François Lapointe, et de la Fédération naturiste internationale (FNI), Stéphane Deschênes, explique-t-il. Personne ne connaissait cette famille.»
Le Longueuillois a fait des captures d’écran de tous leurs échanges. L’homme lui a demandé s’il est assez «ouvert d’esprit» pour des activités «particulières», puis il a fini par avouer que «les adultes font des jeux de société et parfois des jeux sexuels».
«Quand je lui ai demandé où sont les enfants pendant ces jeux, il a hésité, raconte-t-il. Puis il m’a confié que des jeunes de 9 à 19 ans participaient aussi. J’avais assez d’informations pour le signaler.»
Enquêtes policières
Claude Dufresne s’est rendu au poste de police de Longueuil; une démarche qu’il a trouvé difficile, car il se présentait comme un citoyen en contact avec un pédophile qui agit dans les milieux naturistes.
Il a été pris au sérieux une fois qu’il a présenté les preuves contenues dans son cellulaire. Un lieutenant puis un enquêteur de la cellule technique du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) – en charge de l’enquête –, l’ont contacté pour obtenir sa collaboration afin d’accumuler plus d’éléments à charge.
La section des agressions sexuelles a pris le relais, localisant le suspect en France et transmettant le dossier à l’Organisation internationale de police criminelle (Interpol). M. Dufresne s’est même inventé des enfants pour garder le lien avec la cible.
«L’enquête a révélé que toute son histoire était fausse, poursuit-il. Il vivait en fait dans un appartement en France, sans conjointe ni enfants. Cela n’était pas lui sur les photos. Il ne cherchait qu’à récupérer des photos d’enfants nus.»
Selon les informations recueillies auprès du SPVM, le criminel a été arrêté par les autorités françaises le 14 mars 2022 à Lyon, puis a été condamné pour des délits correspondant à la possession et à la distribution de pornographie juvénile.
«J’avais le sentiment du devoir accompli, confie M. Dufresne. Cela en fait un de moins, surtout qu’il n’était pas connu des services de polices français ni québécois. Il ne pourra plus berner d’autres naturistes et enfants.»
Distinction reçue
Ce sentiment du devoir de M. Dufresne a aussi été récompensé.
«Comme ces crimes sont souvent peu, voire pas du tout dénoncés, nous avons tenu à souligner le geste de M. Dufresne en lui remettant la mention de reconnaissance de la police», souligne le SPVM.
Il est possible de signaler toute situation d’exploitation sexuelle des jeunes sur internet sur le site : www.cyberaide.ca ou auprès d’un service de police.