Un père endeuillé milite pour un meilleur partage de la route

le jeudi 12 mai 2016

En attendant que les parlementaires adoptent la refonte du Code de la sécurité routière, Michel Boucher invite les municipalités du Québec à installer des panneaux de signalisation rappelant qu’il doit y avoir une distance de 1,5 mètre entre les cyclistes et les automobilistes en milieu rural.

Initiée par l’ancien ministre des Transports Robert Poëti en 2014, la révision du code a été reportée après que le politicien ait été rétrogradé à titre de député et remplacé par Jacques Daoust.

«Pourquoi attendre après le gouvernement quand on peut faire bouger les choses à petite échelle?» demande Michel Boucher dont le fils a été happé mortellement par un autobus alors qu’il circulait à vélo à La Prairie.

«Avec le MTQ, ça peut être très long, poursuit le Laprairien. En attendant, les Villes peuvent agir sur les rues qui sont d’emprises municipales.»

Comme les panneaux bleus sont reconnus pour être des enseignes d’information, rien n’empêche les municipalités «d’informer» leurs citoyens qu’il est plus prudent de maintenir un corridor de sécurité entre les véhicules et les vélos.

D’ailleurs, Québec a récemment annoncé que les automobilistes devront, dès cet été, respecter une distance minimale d’un mètre lorsqu’ils croiseront un cycliste en milieu urbain. Le gouvernement prévoit aussi des amendes plus élevées pour l’emportiérage.

Malgré cette annonce, M. Boucher ne veut pas se réjouir trop vite.

«Tant que ce n’est pas signé, ce n’est pas adopté», dit-il, prudent.

Cinq panneaux à La Prairie

Répondant à l’appel de son citoyen, la Ville de La Prairie a installé cinq panneaux sur les chemins de la Bataille Nord, de la Bataille Sud, de Fontarabie, Lafrenière et le rang Saint-Raphaël.

«On a toujours essayé que la pratique du vélo soit la plus sécuritaire possible et le comité de circulation a trouvé que c’était un bon projet de sensibilisation, indique le directeur général de la Ville, Jean Bergeron. Sans se qualifier de précurseur, on est fier d’avoir répondu à l’appel de M. Boucher parce qu’on ne sait pas quand le gouvernement va bouger.»

Si M. Boucher a pris l’initiative personnelle d’interpeller les élus, il assure être appuyé par la Fédération québécoise des sports cyclistes, la Société de l’assurance automobile du Québec et les organisateurs du Tour du silence.

À ce jour, près de 60 municipalités ont confirmé qu’elles installeraient des panneaux.

Faire sa part

M. Boucher ne s’en cache pas, il milite pour un meilleur partage de la route en mémoire de son fils Tristan décédé il y a bientôt quatre ans.

«Mon fils était brillant et beau comme un cœur, dit-il. Le deuil d’un fils de 14 ans, personne ne devrait avoir à vivre ça. Si je peux épargner ne serait-ce qu’une autre famille du drame qu’on a vécu, j’aurai fait ma part.»

Pour ce père d’un autre garçon qui atteindra bientôt 14 ans, chaque geste compte.

«Si on n’essaie pas, on ne fera jamais descendre les statistiques de mort cycliste. Et comprenez-moi bien, l’idée n’est pas de transférer entièrement la responsabilité sur les conducteurs. Tous les usagers de la route, vélo comme voiture, doivent faire leur part pour mieux cohabiter», conclut-il.

 

Quelques règles de sécurité pour tous

Pour les cyclistes

-Doivent circuler dans le sens de la circulation, garder la droite, signaler leurs intentions, s’assurer d’être bien vu par les automobilistes et faire preuve de vigilance, particulièrement lors des virages à gauche.

Pour les piétons

-Doivent circuler sur les trottoirs et traverser aux intersections en respectant la consigne et le décompte prévu.

Pour les conducteurs

-Doivent céder le passage aux piétons et aux cyclistes, tel qu’indiqué par la signalisation et s’assurer qu’il n’y a pas de cycliste dans l’angle mort avant d’ouvrir sa portière.

(Source: SQ)