Le Conseil de discipline de l’Ordre des pharmaciens du Québec a sévi contre un de ses membres, Fadi Mohamedieh. Celui-ci a plaidé coupable à 18 chefs d’infraction incluant l’appropriation de médicaments à même l’inventaire de pharmacies, dont plusieurs dans la région où il effectuait des remplacements, la possession de substances du marché noir et le trafic de celles-ci, en plus d’en avoir fait «un usage immodéré».
Le jugement daté du 28 avril relate que les événements se sont produits entre 2013 et 2019. Plaignante dans cette affaire, la pharmacienne Marie-Josée Loiselle explique être intervenue au début de l’année 2020 après avoir reçu une demande d’enquête de deux pharmaciens dénonçant le comportement de l’intimé.
Celui-ci s’est approprié des narcotiques, dont des capsules d’amphétamine et de lisdexamfétamine ainsi que des comprimés de méthylphénidate et d’oxycodone pour un total d’environ 800 dans cinq pharmacies parmi les 43 où il a travaillé, a précisé M. Mohamedieh à Gravité Média.
Des caméras ont pris sur le fait le pharmacien, peut-on lire. L’enquête a notamment révélé que le 7 décembre 2019, alors qu’il effectuait un remplacement à Châteauguay, l’intimé a dérobé 491 comprimés.
Les chefs d’infraction détaillent également qu’il a dérogé à la dignité de la profession en ayant en sa possession des substances provenant du marché noir à Montréal, puis provenant des stocks de pharmacies à Beloeil, Chertsey, Sherbrooke, et dans la région à Candiac, La Prairie, Longueuil et Châteauguay.
«Grave erreur»
Ayant été convoqué dans les bureaux de la plaignante, l’intimé a remis un document de quatre pages contenant ses aveux.
Il y explique «avoir commis une grave erreur le 7 décembre 2019 et s’en excuse tout en exprimant de la honte». Cette date s’avérant être «le point culminant quant au nombre de médicaments subtilisés».
Fadi Mohamedieh a raconté avoir essayé une capsule de MDMA, soit de l’ecstasy, en 2013 lors d’un spectacle de musique, puis une autre fois dans un bar quelques mois plus tard. C’est ainsi qu’il a développé une habitude. En 2017, il a consommé d’autres médicaments incluant adderall et ritalin. Ce faisant, il aurait diminué sa dépendance pour des drogues du marché noir en se tournant vers ces nouvelles substances.
«Il décrit ainsi le contexte de dépendance dans lequel est survenu l’événement du 7 décembre. Son jugement est alors altéré», estime le Conseil de discipline.
Il aurait réalisé la quantité de médicaments subtilisée une fois chez lui et ne les a pas distribués comme prévu. Le 23 décembre, après un appel du propriétaire de la pharmacie, il a tout avoué et la police l’a contacté le lendemain. Il a alors rendu les comprimés volés. L’enquête s’est poursuivie jusqu’en avril 2020, moment où l’intimé a fourni d’autres explications dont une arrestation pour conduite avec facultés affaiblies en 2016 pour laquelle il a plaidé coupable en 2018 et lui ayant causé du stress.
Il a témoigné également que la perte d’un membre de sa famille «dans un contexte très difficile» et l’achat d’une propriété causant une pression financière l’a fait sombrer dans la dépendance davantage. Fadi Mohamedieh a néanmoins affirmé n’avoir jamais consommé de substances pendant sa pratique professionnelle et avoir cessé de consommer complètement le 3 mars 2020 en plus d’être en suivi spécialisé depuis. Le risque de récidive demeure présent, selon la plaignante.
Fadi Mohamedieh a écopé de 24 mois de radiation et d’une amende de 5 000$. Le Conseil considère qu’il a «une réelle volonté de prise en main et est conscient des difficultés qui lui restent à confronter et des démarches qu’il doit encore faire».