Un Sainte-Catherinois traduit la littérature québécoise en ukrainien

le jeudi 18 août 2022

«Quand on est dans un autre pays, c’est important de garder nos racines.» Cette citation appartient au traducteur ukrainien Rostyslav Nyemtsev qui encourage ses pairs, en exil depuis le début de l’invasion de la Russe, à la lecture afin d’honorer leurs origines.

Le résident de Sainte-Catherine propose la traduction de livres de littérature québécoise contemporaine à des maisons d’édition en Ukraine depuis de nombreuses années. Mais au début de la guerre, en février, la collaboration avec les éditeurs s’est évidemment avérée plus difficile, souligne le traducteur.

Depuis, la situation est revenue à la normale pour M. Nyemtsev. En juillet, il a traduit en ukrainien son 13e ouvrage, Le Mammouth de Pierre Samson. Aujourd’hui, le quinquagénaire se penche sur la traduction de son 14e livre. Pour lui, la publication d’auteurs québécois en Ukraine permet de faire découvrir une «littérature de portée mondiale» qui gagne à être connue.

«Il faut prendre des risques et s’ouvrir au monde, au littéraire méconnu», dit-il.

M. Nyemtsev a étudié en linguistique et traduction en Ukraine. L’homme voit ces champs comme deux mondes différents dont le but commun demeure la communication.

«Si l’on parle en anglais, est-ce que l’on voit le monde de la même façon que si l’on parle en français? Non. Quand on choisit une langue, il y a une perception du monde qui change. En littérature, on traduit l’esprit, on traduit le monde, la perception des gens, les traditions», explique-t-il.

Traduction juridique

M. Nyemtsev a enseigné l’allemand et la traduction juridique en Ukraine avant de s’établir au Québec en 2001. Le Canada compte parmi les «rares pays qui acceptent des immigrants» pratiquant plusieurs professions, souligne-t-il.

Encore aujourd’hui, il exerce aussi le métier de traducteur juridique. Ce secteur d’activité fait appel à l’interprétation.

«Je suis la police ukrainienne, mais comme traducteur», résume le Sainte-Catherinois.

Ce dernier travaille notamment en collaboration avec le Service de police de la Ville de Montréal dans le cas d’interprétation d’interrogatoires, du français à l’ukrainien et vice versa.

«Il faut être prêt à agir tout de suite. La traduction juridique demande clarté et exactitude», souligne celui qui ne peut donner de situations précises afin de ne pas divulguer le témoignage de suspects.

Liberté

Pour sa part, la traduction littéraire laisse toute la place à la réflexion.

«J’ai la liberté de contacter mes amis, chercher dans mes dictionnaires pour savoir si j’ai bien compris une expression», poursuit-il.

M. Nyemtsev traduit des essais, des romans, des nouvelles, des textes de théâtre et de la poésie. Il a apposé sa signature à des poèmes du recueil L’homme rapaillé de Gaston Miron, entre autres.

En ce temps de guerre, M. Nyemtsev croit en la libération des territoires ukrainiens occupés par la Russie.

«Au début de l’invasion, les Russes pensaient qu’il leur fallait deux ou trois jours pour vaincre l’Ukraine, et ça ne s’est pas passé», rappelle-t-il en ajoutant avoir des neveux demeurant toujours en Ukraine.

Contribution

Le résident de Sainte-Catherine et des partenaires ont organisé une lecture théâtrale des œuvres de dramaturges originaires de l’Ukraine, un pays au fort potentiel selon M. Nyemtsev, le 3 mai à Montréal. Au cours de l’événement culturel, les organisateurs ont invité les participants à offrir des dons à des organismes ukrainiens. Le traducteur achemine également dans les bibliothèques en Pologne, refuge de plusieurs familles, des livres d’auteurs ukrainiens pour les enfants et les adultes.