Une agriculture révolutionnaire créée par un inventeur de Saint-Philippe

le mercredi 23 novembre 2016

Quand on regarde les jardins rotatifs à injection fonctionnant par gravité conçus et produits par l’entreprise GiGrow à Candiac, on a l’impression d’être plongé dans un univers de science-fiction.

Des cylindres dont l’intérieur est tapissé de légumes en feuilles effectuent en une heure une rotation complète. Au centre, une lampe fournit chaleur et lumière aux plantes. Chaque pousse placée dans un compartiment cubique reçoit par les racines, lorsqu’elle se retrouve à l’envers, la quantité exacte de liquide par un système de goutte-à-goutte.

«On a une équipe de six ingénieurs en électronique qui ont développé une intelligence artificielle afin que celle-ci puisse interroger les plantes afin de savoir ce dont elles ont besoin en quantité d’eau et engrais. Ça fait en sorte que la plante croît rapidement, et qu’elle possède un goût explosif [savoureux] dans la bouche», explique Gilles Dumont, technologue et concepteur du système GiGrow, pour Gravity Injection Growing.

Cependant, les fruits ou légumes qui poussent en grappe peuvent représenter un défi selon leur taille.

«L’adaptation pour certaines cultures peut être plus problématique. Si tu veux faire des fraises ou des tomates, il faut adapter ça. Pour les mini-tomates en grappe, le plant est assez fort pour les soutenir [quand il se retrouve à la renverse]. Ça se fait très bien», mentionne le concepteur.

Rendement

M. Dumont soutient que la méthode GiGrow, qui a notamment bénéficié du soutien technique du Conseil national de recherches du Canada (CNRC), est celle qui donne le meilleur rendement annuel comparé aux cultures en terre ou en serres hydroponiques.

Un autre avantage de GiGrow, d’après son inventeur, c’est la possibilité de produire en grande quantité des légumes, fleurs, fines herbes et autres végétaux en entrepôt fermé et isolé en superposant les machines sur des étagères en métal.

Il souligne qu’avec l’aide du CNRC, GiGrow est en train de développer la robotisation de fermes maraîchères utilisant sa technologie.

«Par exemple, une ferme de 200 machines [jardins rotatifs] qui produit 750 000 laitues par année, dit-il, pourrait être opérée avec trois employés.»

Intérêt et environnement

Gilles Dumont a indiqué que ses jardins rotatifs suscitent l’intérêt un peu partout à travers le monde. À cet effet, quelque 2000 systèmes GiGrow ont été vendus dans divers pays en Europe et aux États-Unis.

«Des délégations de la Barbade, de Grand Cayman et du Brésil sont intéressées par notre technologie», précise-t-il.  

Il mentionne également qu’entre cinq et dix fermes situées en Ontario, au Québec et aux États-Unis sont en processus de financement pour faire l’acquisition de 200 à 1 200 jardins rotatifs.

Durant l’entretien, M. Dumont a souligné à plusieurs reprises les vertus environnementales de GiGrow.

«Les plantes cultivées ont zéro pesticide, fongicide et insecticide. On a une plante qui est vraiment naturelle, qui ne rendra pas les gens malades», fait-il remarquer.

Le fait de produire sur place en abondance des légumes avec sa méthode éviterait d’importer des produits qui doivent parcourir de longues distances, diminuant l’empreinte de carbone.

«Un camion qui fait 4000 km pour amener de la laitue, ça n’a aucun bon sens. Si tu veux manger de la laitue ou des épinards l’hiver, il faut les importer de la Californie. C’est ça qu’on veut changer», mentionne le président de GiGrow.

Des fermes maraîchères pourraient voir le jour dans le nord du pays et assurer ainsi l’approvisionner en produits frais tout au long de l’année.

 

Une croissance rentable

D’après Gilles Dumont, le système des jardins rotatifs permet de produire des légumes en grosse quantité tout au long de l’année. «En prenant pour acquis qu’une laitue a besoin d’un pied carré d’espace pour pousser, on peut en produire dans une année 2,2 laitues dans les champs. Dans les serres les plus optimisées, on va en cultiver entre 20 et 25 au pied carré par année. Nous, c’est entre 300 et 500 laitues [avec trois jardins rotatifs] au pied carré par année qu’on peut produire», souligne le président de l’entreprise.