Une attente dangereuse aux urgences, dénoncent des médecins

le lundi 24 octobre 2022

Un médecin qui travaille à l’Hôpital Anna-Laberge a dénoncé sur les réseaux sociaux la semaine dernière la situation «intenable et dangereuse» dans les urgences du centre hospitalier de Châteauguay. Un collègue de l’Hôpital Barrie Memorial a fait la même chose quelques jours plus tard après qu’un patient soit décédé à son hôpital alors qu’il avait attendu des heures auparavant dans un autre centre hospitalier.

Dre Gabrielle Voisine a lancé son cri du cœur dans une publication Facebook écrite à la suite d’un quart de travail écourté. Celle qui travaille aux urgences serait partie deux heures après le début de son quart de travail «parce que dans les conditions, il était impossible pour les trois médecins et la résidente sur place d’évaluer de nouveaux patients», indique-t-elle.

Mme Voisine relate que ce jour-là une dizaine de patients étaient catégorisés comme devant être vus par un médecin dans les 30 minutes qui suivent le triage, mais plusieurs d’entre eux attendaient depuis presque 24 heures d’être évalués par un médecin. Ce, dans un territoire où il manque l’équivalent d’un hôpital entier pour desservir la population, dit-elle.

«Quand on parle de bombes à retardement… ça, c’est sans compter tous les autres patients qui occupaient presque tous les sièges de la salle d’attente», exprime-t-elle.

La médecin souligne également les conditions de travail «exécrables» qui ne font qu’empirer la pénurie de personnel, en plus des enjeux de manque de matériels et de fluidité. Elle mentionne que plusieurs infirmières ont démissionné «ou prévoient le faire sous peu».

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La docteure explique que le problème ne date pas d’hier, mais qu’il ne cesse de prendre de l’ampleur. Elle rapporte un cas d’il y a quelques semaines où un patient dans un état critique a dû recevoir de l’assistance respiratoire dans le garage des ambulances, car il n’y avait pas d’autre place où l’installer.

«Il y a eu le rattrapage de beaucoup de situations ‘near miss’ où la condition de plusieurs patients s’est gravement détériorée lors de l’attente excessive pour voir un médecin.»

La Dr Voisine a décliné notre demande d’entrevue à la suite de sa publication sur les réseaux sociaux.

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Décès après plus de 16 heures d’attente

Deux jours après la publication de Mme Voisine, le chef des urgences de l’Hôpital Barrie Memorial à Ormstown, le Dr Sébastien Marin, sonnait l’alarme sur Twitter concernant le décès d’un patient qui a attendu 16 heures dans un autre hôpital de la région sans être vu pour sa douleur.

«J’ai terminé ma nuit sur un patient qui est décédé devant moi avec une aorte thoracique qui a rompu, exprime-t-il. Moi, je n’ai rien pu faire, il est décédé dans les minutes après son arrivée.»

Au moment d’écrire ses lignes, Le Journal n’était pas en mesure de savoir dans quel hôpital ce patient avait attendu à l’origine.

«C’est quand même assez fréquent que les hôpitaux en Montérégie-Ouest aient des temps d’attente de 16 à 20 heures à l’urgence mineure. Ils [Les employés] sont mis dans des conditions de travail qui sont impossibles. Ça met la population à risque juste par le fait que c’est trop achalandé», a expliqué le Dr Marin à l’animateur de radio du 98,5 Paul Arcand lundi matin.

Au moment de la publication, l’Hôpital Barrie Memorial avait un taux d’occupation des civières dans les urgences de 80%, l’Hôpital Anna-Laberge de 147% et l’Hôpital du Suroit à Salaberry-de-Valleyfield de 169%.