Une Constantine inquiète pour ses proches en Ukraine

le mardi 1 mars 2022

L’angoisse fait partie du quotidien de Marichka Netak depuis que la Russie a envahi l’Ukraine, où ses parents demeurent, le 24 février. Comme plusieurs Ukrainiens à travers le monde, la résidente de Saint-Constant vit des moments difficiles et prie pour que ses proches soient en sécurité.

Ses parents résident dans la ville de Lviv, située à 500 km de Kiev. Dès les premiers signes d’une invasion en Ukraine, Mme Netak a urgé ses proches de quitter le pays le plus rapidement possible. Toutefois, les Ukrainiens ont continué à vivre leur vie comme à l’habitude, puisque le gouvernement a tenté de diminuer l’urgence de la situation, estime-t-elle. 

«Dans les médias ukrainiens, ils ne diffusaient pas l’information à l’effet que les services de renseignement américains prévoyaient une attaque, s’insurge-t-elle. Ils disaient que c’était une guerre d’information entre les États-Unis et la Russie.»

Son père de 77 ans et sa mère de 66 ans n’ont pas entendu de bombes, mais ils ont été alertés par les nombreux bruits de sirène qui avertissent la population en cas d’attaque aérienne, raconte-t-elle.  

Ils ont finalement réussi à quitter le pays en traversant la frontière en Pologne, à 70 km de Lviv le 24 février. Cependant, puisque certaines banques avaient reçu des cyberattaques, ils n’ont pas pu retirer de l’argent.

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Marichka Netak s’est rassemblée avec ses compatriotes ukrainiens devant la Ukrainian Catholic Parish Of The Assumption Of Blessed Virgin Mary à Montréal. (Photo: gracieuseté)

«Mon père a des problèmes de dos et voulait prendre sa voiture pour se rendre à la frontière, mais les files d’attente pour quitter le pays s’allongeaient sur plus de 25 km, soutient-elle. Mes parents ont donc pris un taxi qui les a menés au bord de la forêt. Pour ensuite marcher avec leurs bagages et leur chien pour retrouver la femme de mon frère entre la frontière de l’Ukraine et la Pologne.»

Même si ses parents sont sains et saufs, quelques-uns de ses cousins sont toujours au pays, certains forcés de se joindre à l’armée ukrainienne. Ils habitent à Dnipro, à plus de 350 km de la frontière avec la Russie et ont dû se réfugier dans leur sous-sol lors de raids aériens.

«Nous nous levons la nuit toutes les deux ou trois heures, puisque nous sommes nerveux et voulons savoir ce qu’il se passe, indique la femme de 43 ans. Nous ne pouvons pas rester concentrés.»

Elle ajoute que la possibilité qu’une attaque nucléaire soit déployée par Vladimir Poutine l’inquiète.

«Notre douleur, notre cœur et notre âme sont toujours là-bas. C’est si choquant de réaliser ce qu’il se passe.»

-Marichka Netak

Un meilleur monde

Arrivée au Canada en 2007, après un séjour de six ans au Portugal, Mme Netak s’estime chanceuse d’avoir choisi ce pays comme terre d’accueil.

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En août 2021, Marichka Netak a livré un discours pour souligner le 30e anniversaire de l’indépendance de l’Ukraine. (Photo: gracieuseté)

«Je suis venu au Canada pour avoir un avenir meilleur, mentionne celle qui a quitté l’Ukraine en 2001. Certains Européens n’étaient pas très accueillants lors de mon passage, donc je cherchais quelque chose de mieux.»

Celle qui a gradué de l’université McGill en comptabilité avoue se sentir comme chez elle, en partie grâce à la grande diaspora ukrainienne au Québec. Elle félicite le pays d’avoir intégré le multiculturalisme à ses valeurs.

«Je dis souvent à mon fils de 17 ans que si tu es une personne ambitieuse, tu trouveras des opportunités ailleurs, explique-t-elle. Je suis heureuse d’avoir trouvé l’endroit que je cherchais.»

Elle a participé au rassemblement qui s’est tenu à la Place du Canada à Montréal, le 27 février.

«Plusieurs communautés internationales sont venues nous donner leur soutien, se réjouit celle qui parle six langues. Nous avons eu les communautés juives, roumaines, grecques et géorgiennes qui nous ont dit à quel point ils partagent notre douleur.»

Démographie

Selon le recensement en 2016, Saint-Constant comptait 25 personnes qui ont l’ukrainien comme langue maternelle. Quant à La Prairie, il y en avait 10 alors qu’à Candiac et Saint-Philippe il y en avait cinq. Delson, Sainte-Catherine et Saint-Mathieu ne dénombraient pas de ressortissants ukrainiens à ce moment-là, selon les données.