Dans le rétroviseur
Une collaboration spéciale de Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ).
Par Geneviève Tessier, technicienne en documentation à BAnQ
Ce n’est pas un hasard si la région métropolitaine compte un parc, un CLSC, un centre communautaire, une bibliothèque, une maison d’hébergement pour femmes et des rues au nom de Simonne Monet-Chartrand. Ces honneurs nous rappellent l’héritage remarquable de cette femme éprise de justice sociale et de paix.
Issue d’un milieu bourgeois, Simonne s’implique dès son adolescence dans la Jeunesse étudiante catholique (JEC). C’est grâce à ce mouvement qu’elle rencontre le jeune Michel Chartrand, typographe-imprimeur de formation. De son côté, il milite déjà contre la conscription obligatoire au sein du Bloc populaire canadien.
Leur mariage est célébré en février 1942 par le chanoine Lionel Groulx à la basilique Notre-Dame, à Montréal. Bientôt, le couple s’installe à Longueuil : « Nous occupons enfin seuls, à Montréal-Sud, rue Lafayette, un logement neuf de quatre pièces mais sans chauffage ni téléphone…» À la fin des années 1940, le couple a déjà cinq enfants, sur un total de sept. Pendant que Michel se livre à des batailles ouvrières telle que la grève de l’amiante en 1949, Simonne garde le fort de la vie familiale malgré une santé fragile. Elle s’implique au sein de sa communauté longueuilloise : avec d’autres mères bénévoles de l’École des parents, elle met sur pied, en 1951, la Bibliothèque des enfants dans un local de la rue Saint-Charles. Elle est également invitée à prononcer des conférences dans des groupes de femmes.
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Le jeune couple et leurs deux premières filles, Micheline et Hélène, devant leur logement de la rue Sainte-Hélène à Longueuil, mars 1944. Archives nationales à Montréal, fonds Simonne Monet et Michel Chartrand (P839, S8, D177)
Après trois déménagements successifs à Longueuil, la famille s’installe en 1951 sur la rue Sainte-Anne à Varennes, puis dans une grande maison de ferme à Boucherville, face au fleuve Saint-Laurent. Simonne est charmée et inspirée par le mouvement de l’eau incessant, qui lui rappelle ses étés en famille à Beloeil.
Les longues absences de Michel au profit de luttes syndicales ne freinent pas la fougue de cette pionnière du féminisme québécois. Alors que celui-ci défend les grévistes des usines de Shawinigan, Simonne soutient les femmes des ouvriers. S’enchaînent par la suite un nombre incalculable de projets : recherche et rédaction pour des émissions à Radio-Canada, chroniques dans des magazines, textes de conférences, soutien à des syndicats d’enseignants, etc. Elle est la co-fondatrice d’organismes de défense des droits des femmes, comme la Fédération des femmes du Québec, et se lie notamment à l’Union des familles et à la Ligue des droits et libertés.
En 1966, la famille déménage dans son dernier repaire tranquille, face à la rivière Richelieu, dans la municipalité du même nom.
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Dans le contexte de la crise d’Octobre 1970, Simonne montre un article sur le prix 1969 de la revue Liberté remis à Michel Chartrand. Archives nationales à Montréal, fonds Antoine Desilets (P697, S1, SS1, SSS18, D20).
Ce parcours de vie exceptionnel s’inscrit dans la trame de fond d’un Québec en profond changement. Des années 1940 au tournant du XXIe siècle, Simonne et son amoureux de toujours se sont battus sans relâche pour les droits de la personne.
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