VIDÉOS – Une Laprairienne forcée de retirer tous ses tournesols sur l’emprise municipale

le vendredi 20 août 2021

Caroline Tousignant ne s’attendait pas à ce que les graines de tournesol qu’elle a semées en mai sur la devanture de son terrain se transforment en une bande de fleurs gigantesque en août. Sa surprise ne s’arrêtait pas là. La Ville de La Prairie l’a avisée le 9 août qu’elle devait les retirer en entier.

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Son aménagement paysager contrevenait à des règlements. La propriétaire d’une résidence de la rue de la Magdeleine dit comprendre que les tournesols représentaient un enjeu de sécurité. 

«Déjà, je m’étais entendue avec une voisine pour en couper une bonne partie, puisqu’effectivement, étant donné la piste cyclable juste devant, ça nuit à la visibilité en sortant des entrées de maison. Mais de là à tout raser? Je ne comprends pas», partage-t-elle. 

«Les gens venaient ici pour prendre des photos devant les tournesols. Ils mettaient du soleil dans la vie de mes concitoyens.» 
-Caroline Tousignant

Elle les a retirés entièrement le 14 août, au risque d’avoir une amende, dont le montant ne lui a pas été précisé. Le Reflet a également posé la question à la Ville, sans obtenir de réponse à ce sujet.

Mme Tousignant admet qu’elle n’était pas au courant de la réglementation. Celle-ci lui interdit de planter des fleurs sauvages sur l’emprise municipale, soit le devant du terrain sur une largeur d’environ deux mètres, lui a-t-on expliqué dans un échange de courriels dont le Journal a obtenu copie. 

Elle a reçu un avertissement à la fin juin, alors que les tournesols n’avaient pas encore poussé. On lui disait alors que l’emprise devait être entretenue. 

«J’ai donc fait un gros ménage de mon terrain, la bande avant était en terre. Je pensais que les graines de fleurs que j’avais plantées ne poseraient pas problème, à ce moment-là», exprime-t-elle. 

Emprise

La Prairie évoque deux arguments pour expliquer sa décision. 

«Cet espace doit être planifié par la Ville en termes de végétation dans un souci de sécurité publique selon le contexte et les infrastructures en place, comme une piste cyclable, un trottoir, le recul des maisons, ou encore les abribus», indique Dominique Beaumont, directrice des communications. 

Elle affirme également que «dans ce cas-ci, la culture de plantes en hauteur sur l’emprise municipale compromettait la sécurité des piétons et des cyclistes les rendant moins visibles pour les véhicules sortant des entrées adjacentes». 

Mme Beaumont ajoute que minimalement, les citoyens doivent gazonner cette surface, «en harmonie avec l’aménagement de leur terrain» et en assurer l’entretien. Tout autre paysagement doit être autorisé par la Municipalité. 

C’est ce qui cause une certaine incompréhension chez Mme Tousignant, selon ses constatations. 

«Pour les tournesols, je comprends. Mais la Ville m’a aussi dit que je ne pouvais pas mettre de fleurs même si elles ne sont pas hautes, alors que je vois plein de terrains très mal entretenus», déplore-t-elle. 

La Laprairienne fait également savoir qu’elle croyait que l’emprise devait être libre seulement au besoin, pour des travaux par exemple. Il est arrivé dans le passé que la Municipalité creuse à cet endroit en lien avec son entrée d’eau, précise-t-elle. 

Leçons environnementales 

La mère de famille affirme n’acheter que quelques fruits et légumes à l’épicerie et mise plutôt sur l’agriculture urbaine. Elle aimerait que la Ville encourage davantage ce genre de pratiques.
La plantation de tournesols visait quant à elle à attirer les pollinisateurs. De son propre aveu, elle a agi sous l’impulsion parce qu’elle aime cette fleur et qu’elle avait des graines pour nourrir les oiseaux en surplus. 

Opération ardue

Mme Tousignant ne cache pas que de retirer tous ses tournesols dans les délais de quelques jours demandés était un travail ardu. Mme Tousignant aurait aimé avoir un sursis pour que ses fleurs soient complètement matures, chose qui lui a été refusée. De plus, poser de la tourbe sur une portion de son terrain représente un montant de 1 300$ selon ses recherches.

Perdre ce paysage est aussi un pincement au cœur pour elle. Néanmoins, elle a remis plusieurs bouquets de tournesols, dont au CHSLD La Prairie.
  
Terrain bien remplir
Le terrain avant de Caroline Tousignant est bien fourni. Plantes médicinales, concombres, patates, brocolis et fleurs annuelles, notamment, le couvrent.

«Je me suis informée pour cela et j’ai droit à 30% de la superficie de mon terrain avant en aménagement potager», dit-elle.

Des plantes comme des échinacées, des capucines, de la chicorée, du pavot et d’autres espèces sauvages y poussent également.

«Je me disais que ce n’était pas pire que des pissenlits qu’on voit partout et qu’on nous encourage à garder pour les abeilles», fait-elle savoir en ajoutant qu’elle aimerait que la Ville encourage toute forme d’agriculture sur les terrains résidentiels.