Une nouvelle façon de se droguer fait une percée dans la région

le mardi 22 novembre 2016

Une nouvelle façon de se droguer avec des médicaments en vente libre ou sur prescription inquiète les intervenants jeunesse du territoire. Si Châteauguay est notamment aux prises avec ce problème, ce n’est pas encore tout à fait le cas dans la région, d’après les personnes interrogées par Le Reflet.

Depuis plus d’un mois, les adolescents qui fréquentent la Maison des jeunes de Châteauguay ne peuvent plus apporter leur propre breuvage, comme le rapportait Le Soleil de Châteauguay en octobre. C’est que la directrice de l’établissement a constaté que certains jeunes expérimentent une nouvelle façon de se droguer à partir de boissons sucrées ou gazeuses. Certains font dissoudre du Xanax, un médicament qui traite l’anxiété et les crises de panique vendu sous ordonnance, dans ce genre de breuvage ou mélangent du sirop contre la toux contenant de la codéine avec une boisson gazeuse ou sucrée.

La Régie intermunicipale de police Roussillon rapporte quelques cas isolés en lien avec la consommation excessive de Xanax.

«Au cours des derniers mois, nous avons procédé à des arrestations où des jeunes mentionnaient avoir consommé du Xanax, affirme l’agente Karine Bergeron. C’est préoccupant, puisque l’usager ne sait pas réellement ce qu’il consomme et la dose absorbée.»

Les personnes arrêtées peuvent s’exposer à des accusations criminelles, dont possession de substances et possession en vue du trafic, rappelle la police.

Point de vue des Maisons des jeunes

Pour l’instant, les Maisons des jeunes ne se font pas alarmistes.

«Nous sommes au courant de la situation ailleurs parce que nous en parlons aux tables de concertation jeunesse. Ce n’est toutefois pas une situation répandue ici», assure Simon Desjardins, responsable de la Maison des jeunes l’Adrénaline à La Prairie et porte-parole du regroupement des Maisons des jeunes du territoire Kateri.

«Les jeunes en parlent, ajoute-t-il néanmoins. Jusqu’à présent, nous n’avons eu à agir qu’à titre préventif seulement.»

L’ajout de sirop contre la toux dans des boissons sucrées vient d’une mode issue de la culture hip-hop, explique M. Desjardins. Certains rappeurs affirment publiquement boire ce genre de cocktail. Le chanteur Lil Wayne a d’ailleurs été hospitalisé cet été pour avoir consommé excessivement cette boisson.

«Ils ont la sensation d’être dans les vapes», mentionne le porte-parole.

Même constat ailleurs

La situation n’est pas encore problématique ailleurs dans la région, soutiennent d’autres intervenants.

«On n’en a pas encore entendu parler ici, confirme Gabriel Armand, de la Maison des jeunes l’Extension à Saint-Constant. Au contraire, on assiste à une décroissance de la consommation chez les jeunes, même du côté des substances plus traditionnelles.»  

Même son de cloche du côté de la Maison des jeunes l’Equinox à Sainte-Catherine.

«Ce n’est pas une situation préoccupante dans notre localité. On en a entendu parler, mais dans les grands secteurs seulement», affirme la responsable Vanaëlle Bédard.

Elle rappelle d’ailleurs que les Maisons des jeunes sont présentement surtout confrontées à des problèmes touchant la santé mentale.

Dans les écoles

Le Reflet a contacté la Commission scolaire des Grandes-Seigneuries (CSDSG) afin de connaître la situation dans les écoles. La responsable des communications, Mylène Godin, confirme que les établissements scolaires savent que le phénomène existe.  

«Les intervenants font beaucoup de prévention et de sensibilisation auprès des élèves au sujet de la consommation en général (drogues, alcool, tabac, etc.) que ce soit par de l’accompagnement individualisé ou par des cliniques offertes ou encore lors de campagnes de sensibilisation. Les écoles travaillent également avec les policiers préventionnistes et des organismes communautaires de la région», fait savoir Mme Godin.