Une pénurie d’arbitres force la remise de parties

le mardi 16 novembre 2021

L’impact de la pénurie de main-d’œuvre au Québec se fait ressentir jusque dans les arénas de la région, où le manque d’arbitres force le report de parties de hockey depuis le début de la saison.

L’entraîneur-chef et responsable du programme de hockey du Blizzard de la Magdeleine à La Prairie, Philippe Soutière, a confirmé au Reflet qu’au moins quatre de ses matchs ont été remis depuis septembre Cette situation est hors du commun, selon lui.

«La pandémie a eu un impact négatif considérable sur le développement des officiels au Québec, explique-t-il. Plusieurs ont décidé d’orienter leur carrière ailleurs.»

D’après M. Soutière, beaucoup de ces arbitres ayant délaissé la profession – des jeunes, notamment – étaient justement en mesure de gérer des affrontements impliquant des moins de 18 ans.

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Certaines parties qui comprenaient deux arbitres et deux juges de ligne doivent maintenant être disputées avec seulement trois officiels. (Photo: Le Reflet – Denis Germain)

La direction du Blizzard fait désormais son possible pour organiser les parties repoussées, mais l’organisation doit respecter le calendrier du Réseau du sport étudiant du Québec (RSEQ) qui prend fin à la mi-mars. Si certaines ne peuvent être planifiées de nouveau d’ici là, elles devront être annulées, se désole l’entraîneur-chef.

«Ce sont les enfants qui sont perdants dans cette situation», fait-il valoir.   

L’assignation des officiels lors des parties de hockey civil, scolaire et de développement dans la région, notamment à Candiac, La Prairie, Saint-Constant et Sainte-Catherine, est assurée par Hockey Richelieu.

Arbitre en chef de cette organisation, Stéphane Carbonneau confirme «que plus d’une centaine d’arbitres expérimentés» ont accroché leurs patins depuis la pandémie.

«Certains vétérans étaient déjà sur le point d’arrêter, alors que des étudiants se sont trouvé un meilleur emploi», explique celui qui a arbitré pendant 23 ans dans la Ligue élite du Richelieu.

Selon ses dires, l’avantage du milieu du hockey sur les autres domaines d’emploi était sa flexibilité d’horaire. Aujourd’hui, ce n’est plus un critère, puisque de meilleures conditions sont aussi offertes ailleurs, fait remarquer l’homme de 52 ans.

Hockey Richelieu n’a pas eu le choix d’assigner des recrues à des parties de plus haut calibre cette année, et ce malgré leur manque d’expérience.

«Habituellement, les recrues commencent à arbitrer au hockey civil avant que nous les  envoyions dans les niveaux supérieurs», fait-il savoir.

M. Carbonneau ajoute que la décision du gouvernement de changer le statut des arbitres pour celui de travailleur autonome, afin qu’ils déclarent leurs revenus à l’impôt, est devenu un frein pour certains.

«À titre d’exemple, l’association régionale des arbitres de l’Estrie a appliqué le règlement, mais elle a perdu la moitié de ses officiels», informe l’arbitre en chef.

Manque de respect

Pour William Mc Caughan, qui arbitre notamment au niveau midget AAA lors des parties des Riverains du Collège Charles-Lemoyne, la pandémie a peut-être le dos large. Il croit que la pénurie d’officiels est possiblement liée au traitement que ses confrères reçoivent sur la glace. Le résident de Varennes a lui-même déjà été attendu par un entraîneur qui voulait l’enguirlander à la fin d’une partie, rapporte-t-il.

«Je sais que dans la région de Varennes, certains jeunes arbitres ont lâché, puisqu’ils se faisaient crier dessus, souligne celui qui pratique ce métier depuis environ huit ans. Quand tu assignes un jeune de 14-15 ans contre des joueurs de 18-19 ans, l’autorité est moins respectée.»

«C’est désolant de voir un parent envoyer promener un jeune de 14-15 ans.»

William Mc Caughan, arbitre

Toutefois, William Mc Caughan constate un changement graduel dans l’attitude des entraîneurs.

«J’ai fait un stage de deux semaines où j’ai montré aux nouveaux officiels les rudiments de la profession. À ma grande surprise, beaucoup d’entraîneurs se sont présentés pour se mettre dans nos souliers et connaître l’envers du décor», mentionne-t-il.

William Mc Caughan salue l’ouverture que ceux-ci ont démontrée en essayant de comprendre la réalité des arbitres, et ainsi «voir l’envers de la médaille.»

Autre signe d’un changement de culture, Philippe Soutière confirme que des rencontres ont lieu avec les parents et les entraîneurs afin ces derniers fassent davantage preuve de respect.

«Au niveau du RSEQ, qui chapeaute les activités du Blizzard de la Magdeleine, l’esprit sportif est très important, ajoute-t-il. Nous nous assurons qu’il ne soit pas un élément négatif au recrutement des officiels.»

Données pour le Québec

Selon Hockey Québec, qui gouverne les ligues de hockey mineur à travers la province, la pénurie d’arbitres d’expérience atteint les 20 % en Montérégie en date du 7 octobre.