Une photo pour rappeler qu’il sera toujours leur enfant

le mardi 13 juin 2017

Attendre un enfant est un événement heureux, mais qui peut tourner au drame au moment de l’accouchement. Conserver l’image du nouveau-né afin de se remémorer ses traits et pour passer à travers le deuil périnatal, c’est que propose la Fondation portraits d’étincelles.

«Nous avons des photographes professionnels qui se rendent dans les chambres des hôpitaux pour prendre des photos [du nourrisson décédé]. On offre aussi un service de retouche si le parent a pris lui-même le cliché», explique Mélanie Jacques, une des instigatrices de ce service particulier.   

Aucuns frais ne sont exigés. Les quelque 150 photographes, majoritairement des femmes dont certaines ont vécu la perte d’un enfant à la naissance, collaborent avec la Fondation. Elles le font bénévolement.

«On se déplace partout où on reçoit des appels, de jour comme de nuit. On a des ententes avec une trentaine d’hôpitaux, dont Anna-Laberge à Châteauguay. On fait partie de leur protocole de deuil périnatal», poursuit la résidente de La Prairie.

La plupart du temps, c’est l’hôpital qui propose aux parents les services de la Fondation lorsqu’un décès survient, même si ceux-ci sont publicisés via son site ou sa page Facebook. Des couples qui savent que l’enfant à naître est condamné ou déjà décédé (dans le ventre de la maman) prennent aussi l’initiative de communiquer avec la Fondation. Règle générale, cependant, plusieurs ne connaissent pas la Fondation.

«C’est normal. On tombe enceinte, on est dans la joie, dans le bonheur, dans l’expectative.  On prépare la chambre du bébé, on lui trouve un nom, on achète des vêtements, on a un shower. Jamais on ne s’imagine que ça va mal finir», mentionne Mme Jacques.

 

Passer inaperçu

Le photographe qui se rend dans la chambre de l’hôpital doit respecter un protocole strict.

«Il doit rester de 10 à 15 minutes maximum. Un de nos mots d’ordre qu’on donne dans notre formation, c’est de faire preuve de douceur, de discrétion et d’empathie. On lui demande d’arriver avec des chaussures qui ne font pas de bruit et de ne pas porter de parfum. On entre dans la bulle des parents et on veut respecter ce qu’ils viennent de vivre avec leur bébé», explique Mme Jacques.

Les photos, une originale en couleur et l’autre en noir et blanc retouchée, sont remises aux parents.

«Le noir et blanc adoucit beaucoup la photo. On a préparé des albums pour leur montrer que ces photos-là peuvent être très belles. C’est réconfortant pour eux.

Certains couples vont encadrer la photo, d’autres la ranger et la regarder des années plus tard», déclare celle qui est avocate.

 

Faciliter le deuil

Quand on demande à Mélanie Jacques l’importance à l’effet que les parents endeuillés conservent une photo de leur nouveau-né subitement décédé, elle répond:  

«Cet enfant a existé dans la vie de ses parents, il a vécu dans le ventre de la maman, il était attendu par sa famille. Son avenir était en partie construit. Les parents quittent l’hôpital sans leur enfant, mais ils auront la possibilité d’avoir un souvenir.»

 

Expérience personnelle

C’est en août 2015 que la Fondation portraits d’étincelles a vu le jour sous l’initiative de Mélanie Jacques, des photographes Manon Allard et Martine Gendron, ainsi que de la graphiste Valérie Parizeault.

«Manon était collaboratrice pour l’organisme américain Now I lay me down to sleep qui proposait ce service. En 2009, j’ai failli perdre mon fils aîné qui est né prématurément lors de mon accouchement à Sainte-Justine. On m’a prévenu qu’il avait une chance sur deux de mourir et qu’il serait peut-être bon de prendre des photos», raconte Mélanie Jacques.

C’est ainsi qu’elle a fait la rencontre de Manon Allard et découvert la possibilité d’immortaliser le souvenir de son enfant. Heureusement, celui-ci a survécu. L’idée de mettre sur pied un organisme similaire, mais entièrement québécois, a ainsi germé.

 

À LIRE AUSSI :