Une urne funéraire dans un parc : légal ou pas ?

le vendredi 16 septembre 2022

Une dame a récemment trouvé une urne funéraire au pied d’un arbre près du lac La Citière à La Prairie. Sur les réseaux sociaux, les avis divergeaient quant au fait qu’il fallait la déplacer ou la laisser là par respect. Le Reflet, lui, s’est intéressé à savoir si c’était légal qu’elle s’y trouve.  

Contacté par le Journal, Mathieu Houle, directeur général de la Coopérative des services funéraires du Grand Montréal, à Saint-Hubert, a expliqué que la Loi québécoise sur les activités funéraires a été modifiée en septembre 2018. L’article 102 stipule que «le dépôt en terre de cendres renfermées dans un contenant ne peut être effectué que dans un cimetière».

Sinon, elles peuvent être déposées dans un colombarium. Rien n’empêche toutefois les gens de les rapporter et de les conserver à la maison après l’incinération.

La loi ne précise rien sur la légalité de la présence d’une urne non enterrée dans un endroit public. Cependant, ici, c’est vraisemblablement le règlement municipal sur les nuisances qui s’appliquerait et forcerait son retrait des lieux, a expliqué Dominique Beaumont, directrice des communications à la Ville de La Prairie.

«C’est une situation exceptionnelle. On n’a jamais vu ça»

– Dominique Beaumont, directrice des communications à La Prairie

Tout objet laissé dans un espace public est normalement récupéré par les employés du Service des travaux publics. Or, ils ne l’ont pas trouvée en allant au parc. Personne n’avait communiqué avec la Ville à ce sujet, à part le Journal.

«Dans ce cas-ci, ils seraient allés au salon funéraire le plus proche pour savoir si on pouvait retrouver son propriétaire», a dit Mme Beaumont.

À défaut, ils auraient conservé l’urne funéraire un certain temps.

Cendres dans la nature

À contrario, les cendres d’une personne décédée peuvent être dispersées dans la nature, comme sur un lac ou dans un parc, à certaines conditions.

«Nul ne peut disperser des cendres humaines à un endroit où elles pourraient constituer une nuisance ou d’une manière qui ne respecte pas la dignité de la personne décédée», stipule l’article 71 de la loi sur les activités funéraires.

«Cette loi peut faire l’objet d’une interprétation», reconnait le directeur général de la Coopérative des services funéraires du Grand Montréal.

Pas de numéro de série ?

Contrairement à ce que des gens croient, aucun numéro de série n’est inscrit sous les urnes funéraires, permettant de retracer son propriétaire. Cependant, les cendres à être déposées dans une urne funéraire sont d’abord mises dans un sac et attachées avec un médaillon qui comporte les informations de la maison funéraire qui a fait l’incinération, ainsi qu’un numéro, enregistré auprès des salons ou coopératives funéraires. S’il y a manipulation humaine, il est possible que le médaillon soit retiré.

 L’urne d’un animal ?

La personne qui a trouvé l’urne a mentionné qu’elle est petite, ce qui a amené des gens à spéculer qu’il s’agit peut-être de celle d’un animal décédé. À Delson, une entreprise se spécialise en crémation animale.

Une responsable à la Paroisse de la Nativité et Mathieu Houle, directeur général de la Coopérative des services funéraires du Grand Montréal, ont quant à eux émis l’hypothèse d’un reliquaire, soit une version miniature d’une urne funéraire, qui peut aussi abriter des cendres de la personne décédée.