Vanessa Gagnon: le parcours d’une hockeyeuse amoureuse de son sport

le mardi 24 janvier 2017

Le Reflet s’est entretenu avec la joueuse de hockey Vanessa Gagnon, originaire de Saint-Constant. Établie à Cleveland dans l’Ohio où elle vit passion pour le hockey, la jeune femme de 25 ans a fait face à des choix déchirants au cours de sa carrière pour continuer à pratiquer son sport de haut niveau.

Son passé

Vanessa Gagnon a marqué l’Université Clarkson à Potsdam dans l’état de New York durant ses quatre années au sein de l’établissement, tant dans les salles de classe que sur la glace. La hockeyeuse a conclu sa dernière saison avec les Golden Knights en 2014 en remportant le championnat national de hockey féminin de la National Collegiate Athletic Association (NCAA), «un vrai conte de fée», raconte-t-elle. Ce championnat regroupe toutes les universités américaines.

«C’était la première fois dans l’histoire de la NCAA qu’une équipe de l’Est des États-Unis remportait ce titre prestigieux, indique-t-elle. Lors de notre retour à Potsdam, nous avons reçu un accueil incroyable. L’aréna était bondée de gens qui étaient venus nous féliciter.»

Sur le plan académique, l’étudiante s’est avérée aussi prolifique en maintenant une moyenne de notes parfaite de 4.0 à la maîtrise en administration des affaires. Sa rigueur dans ses études et dans le sport lui a permis de mettre la main sur le prix Mandi Schwartz Student-Athlete of the year.

Tout au long de son séjour à l’Université Clarkson, la joueuse a trimé dur pour faire sa place au sein de l’équipe. Deux opérations au genou ont failli mettre un terme à ses espoirs de maintenir son poste avec l’organisation.

«J’ai dû convaincre mes entraîneurs que je méritais une place au sein de l’alignement partant. J’ai réussi à me faire une place sur le premier trio grâce à mon acharnement et à mon attitude positive», mentionne-t-elle.

«Au-delà de notre succès sur la glace, le soutien académique que j’ai reçu et les relations que j’ai forgées feront toujours partie de ma vie», renchérit-elle.

 

Son présent

Après avoir tourné la page sur ce conte de fée universitaire, Vanessa Gagnon s’est accordé une période de réflexion, un processus par lequel passent la plupart des joueuses de hockey.

«Du jour au lendemain, tu réalises que tes années universitaires sont terminées et qu’il est temps de passer des entrevues pour un emploi», explique-t-elle.

«C’est la réalité du hockey féminin, poursuit-elle. Seule une petite minorité, les Olympiennes, ont la chance de poursuivre leur passion après l’université et de recevoir un petit salaire de base avec Hockey Canada. Les autres ne peuvent pas vivre de leur sport comme les joueuses professionnelles de tennis, par exemple.»

Repêchée par les Canadiennes de Montréal, une des équipes féminines de hockey professionnel au Canada, la Constantine d’origine a reçu une offre de travail à Cleveland aux États-Unis qu’elle n’a pas pu refuser.

«J’ai dû faire ce choix déchirant, admet-elle. Il n’y avait pas de ligue professionnelle de hockey féminin aux États-Unis en 2014. Et 85% des femmes qui jouent dans la Ligue canadienne de hockey féminin doivent combiner hockey et boulot à temps plein.»

Quelques jours après son déménagement à Cleveland en 2014, Vanessa Gagnon a reçu une offre de la Team CLE, une équipe féminine de hockey niveau senior. Elle évolue toujours avec cette équipe aujourd’hui.

L’attaquante a pourtant failli se joindre à une équipe professionnelle en 2015, lorsque la Ligue nationale de hockey féminin a vu le jour aux États-Unis.

«J’ai vu que la ligue allait tenir un camp d’entraînement à Buffalo et puisque c’est à trois heures seulement de Cleveland, j’ai décidé d’y participer sans trop me faire d’attentes», raconte-t-elle.

La formation de Buffalo était prête à lui faire une offre, mais un problème administratif l’a empêchée de se joindre à l’équipe.  

«J’avais déjà mon visa de travail, mais comme je n’étais pas Américaine, je devais avoir aussi un visa d’athlète professionnel, puisque la Ligue offre un salaire aux joueuses. Comme je ne pouvais avoir qu’un visa à la fois, j’ai dû choisir», explique-t-elle.  

Son futur

Vanessa Gagnon l’admet: même si elle est heureuse avec son équipe à Cleveland, le hockey professionnel de haut niveau lui manque.

«Je pense encore souvent à faire le saut dans la Ligue canadienne de hockey féminin. J’aimerais peut-être me relocaliser à Boston, Toronto ou Montréal pour tenter ma chance en 2018 ou 2019», mentionne-t-elle.

La meilleure marqueuse de la Team CLE cette saison pense qu’elle serait capable de percer l’alignement d’une de ces équipes, «en autant que je me garde en forme et que je continue de jouer au hockey à temps plein», précise-t-elle.

«C’est sû que j’aurais des croûtes à manger si je veux recommencer à jouer à ce niveau. Mais il y a plusieurs joueuses qui ont pris une pause de quelques années après l’université pour leur carrière professionnelle et qui sont retournées au jeu dans la Ligue canadienne. Ce n’est pas impossible, mais ce serait définitivement un défi!» admet-elle.