VIDÉO – L’archéologie au service de la police

le vendredi 18 février 2022

L’archéologie ne sert pas uniquement à étudier les vestiges matériels laissés par l’humain. Elle peut être fort utile pour résoudre des enquêtes criminelles. Le Musée d’archéologie de Roussillon à La Prairie fera découvrir au public la discipline de la bioarchéologie dans sa nouvelle exposition intitulée Archéologie et enquêtes judiciaires.

« La bioarchéologie, c’est en quelque sorte une science qui se spécialise sur les restes humains et qui utilise l’approche et les techniques des archéologues », explique d’emblée Frédéric Hottin, archéologue du Musée d’archéologie de Roussillon.

Apparue dans les années 1980, cette discipline assez récente au Québec a pris son envol au début des années 2000. Elle est de plus en plus souvent utilisée par les forces policières pour résoudre des affaires criminelles. « C’est vraiment un travail de terrain, c’est un peu la synthèse entre la bio-anthropologie et l’archéologie. Avec l’analyse méthodique de restes humains et du lieu d’enfouissement d’un corps, un bioarchéologue peut mettre en lumière les circonstances et la date de décès d’un individu par exemple, et ce, plusieurs dizaines d’années après les faits », explique M. Hottin.

Une exposition pour toute la famille

Selon l’archéologue, cette exposition bien vulgarisée saura satisfaire la curiosité des plus petits comme des plus grands. Au cours de la semaine de relâche, l’équipe du Musée proposera une installation avec des ossements, des grilles et un sol reconstitué qui permettra au public de se transformer en bioarchéologue et de réaliser une enquête pour comprendre les circonstances d’un décès.

L’exposition, qui met de l’avant l’aspect scientifique de cette discipline, présente les méthodes, les instruments et le processus utilisés lors des fouilles grâce à des vidéos, artefacts et archives de presse notamment. Le public aura l’occasion de découvrir des dossiers et des enquêtes où l’on a fait appel à des bioarchéologues. On peut penser aux tragédies du Lac Mégantic, du World Trade Center, aux enfants des pensionnats autochtones au Canada, au génocide au Rwanda ou encore, à la découverte de soldats canadiens morts sur les champs de batailles en Europe pendant la Première et la Seconde Guerre mondiale.

Un exemple sur la Rive-Sud

Plus près de nous encore, Frédéric Hottin évoque une affaire criminelle où la bioarchéologie est venue prêter main-forte.

« Il y a quelques années à Longueuil, il y avait un grand terrain vague où les policiers suspectaient qu’il y avait des restes humains enterrés. Les bioarchéologues de l’Université de Montréal ont été appelés en renfort et ont aidé les policiers à développer une technique pour sonder et fouiller cette zone. Ils ont finalement réussi à trouver des ossements », expose-t-il.

« C’est un métier en demande, il y a de plus en plus de travaux et d’excavations près des cimetières. Les bioarchéologues seront aussi appelés à travailler plus souvent sur les enquêtes criminelles, comme c’est le cas en Grande-Bretagne où c’est devenu systématique », précise-t-il.

Dans le cadre du Programme d’aide aux musées, le gouvernement fédéral a octroyé en juillet 2020 la somme de 138 204 $ à la MRC de Roussillon pour soutenir les activités du Musée d’archéologie de Roussillon.  Sur ce montant, 123 204 $ ont permis au musée de produire l’exposition itinérante bilingue Archéologie et enquêtes judiciaires.

Cette dernière sera disponible jusqu’en septembre 2022. Elle se déplacera ensuite à Sherbrooke ainsi que dans d’autres villes au Québec et au Canada.

 

Une vue d’ensemble de l’exposition qui ouvrira ses portes à partir du 25 février.