VIDÉO – Le corridor de sécurité toujours aussi pertinent 10 ans plus tard

le mardi 2 août 2022

Daniel Cadieux a vécu toute sa vie sur le bord des autoroutes. De l’enfance, alors que son père possédait une entreprise de remorquage, à l’âge adulte, où il cumule près de 30 ans d’expérience comme patrouilleur, dont les trois dernières années au sein du ministère des Transports du Québec (MTQ). Il est donc bien placé pour réitérer l’importance de respecter le corridor de sécurité, instauré il y a 10 ans dans la province.

«On s’arrête sur la chaussée 20 à 25 fois minimum par jour. Tant que le véhicule n’est pas reparti, on reste en situation de danger», explique-t-il, alors que le ministère lance une opération de sensibilisation à cette réalité.

Le corridor de sécurité avait ainsi été intégré dans la loi en août 2012 afin de garantir une protection aux véhicules d’urgence, dépanneuses ou véhicules munis d’une flèche jaune immobilisés sur un chemin public. Il dicte aux conducteurs de ralentir et de changer de voie lorsque cela est possible, ou, à défaut, de s’éloigner le plus possible du véhicule immobilisé tout en demeurant dans la même voie.

Depuis son instauration, plus de 1000 constats d’infraction par année ont été remis pour omission de s’y conformer.

Le manège

Une simulation du MTQ sur l’autoroute 30 a d’ailleurs permis au Courrier du Sud de constater que même si une majorité de passants respectaient le corridor, ce n’était pas le cas pour plusieurs d’entre eux.

 

 

La réaction des usagers était d’ailleurs en bloc. Quand une première personne ralentissait et changeait de voie, c’était le cas pour toutes celles qui la suivaient. Mais si quelqu’un restait dans la voie, les usagers suivants avaient tendance à faire la même chose.

«On appelle ça le manège, mentionne Daniel Cadieux à la suite de la simulation. Les gens se tassent, se tassent, se tassent, et puis il y en a un qui passe, et ça passe, ça passe, ça passe.»

Ce dernier déplore une méconnaissance du danger qui habite le patrouilleur ou l’usager lorsqu’il est immobilisé sur le bord de la route ou sur l’une des voies.

«Il peut y avoir 1000 véhicules qui passent pendant qu’on est arrêtés. 1000 véhicules, c’est 1000 dangers potentiels.»

– Daniel Cadieux

«Le déplacement de l’air est énorme, peu importe si c’est une petite ou une grosse voiture qui passe. Quand quelqu’un ne respecte pas le corridor, ça ne veut pas dire qu’il va nous frapper, mais il y aura peut-être un moment d’inattention, peut-être qu’un objet va nous tomber dans les jambes et qu’on va chuter sur la chaussée», soutient-il.

Le patrouilleur évoque une fois où il s’est retrouvé entre sa camionnette et un véhicule à pleine vitesse.

«J’ai dû me pencher et le miroir a fait tomber ma casquette. Quand les miroirs se frappent, c’est que l’espace entre les véhicules n’est pas grand!»

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Daniel Cadieux en a vu de toutes les couleurs comme patrouilleur. Devant s’arrêter régulièrment en bordure d’autoroute dans le cadre de son métier, il signale que le corridor de sécurité peut sauver des vies. (Photo : Le Courrier du Sud – Michel Hersir)

Cellulaires, GPS et déménagements

Un patrouilleur peut s’arrêter sur un chemin public pour une multitude de raisons. Certaines inévitables, comme une panne, un accident de la route ou une vérification d’équipement.

D’autres, tout à fait évitables.

«On a des gens qui arrêtent pour parler au cellulaire, d’autres à cause du GPS ou pour regarder une carte routière. Dans tous les cas, c’est interdit et quand on les approche, ils sont souvent surpris. Certains argumentent, mais on leur dit : rappelez-vous, l’impact c’est un véhicule de 100 km/h contre un de 0, c’est vous le véhicule a zéro!» souligne M. Cadieux, rappelant qu’il est plus prudent de prendre une sortie pour aller dans un stationnement.

Un patrouilleur peut aussi s’arrêter pour ramasser des débris de toutes sortes sur la chaussée, provenant notamment de déménagements ou d’équipements mal arrimés.

Dans tous les cas, Daniel Cadieux admet que même s’il aime son métier, il doit garder une crainte en tout temps.

«C’est notre travail, on fait ce qu’on a à faire, mais on veut repartir le plus vite possible.» 

 

Excuses

Des excuses à la suite d’infractions, Daniel Cadieux en a entendu de toutes sortes.

«Je pensais que c’était un chantier de construction.»

«C’est normal que ça tombe [une planche de bois d’une remorque].»

«C’est mieux que de conduire et parler au cellulaire en même temps.»  

Le patrouilleur évoque en outre le cas d’un homme qui était sur le bord du chemin après une crevaison sur sa Mercedes. Ce dernier avait attendu environ 40 minutes et était visiblement angoissé.

«Il m’a dit : je suis tellement content de vous voir, c’est vraiment dangereux! J’étais le premier à ne pas respecter le corridor de sécurité. Plus jamais je ne vais faire ça!»

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Il n’y avait pas que des fautifs sur la route. La plupart des gens ont respecté le corridor de sécurité durant la simulation. (Photo : Le Courrier du Sud – Michel Hersir)