VIDÉO – Le Jardin des Sœurs grises renaît à l’île Saint-Bernard

le jeudi 23 juin 2022

Dans les années 1700, Marguerite d’Youville et les Sœurs grises s’étaient installées sur l’île Saint-Bernard à Châteauguay pour y cultiver une panoplie d’aliments, voyant à quel point les terres y étaient fertiles. Deux-cent-cinquante ans plus tard, le jardin des Sœurs poussera à nouveau cet été derrière le Manoir d’Youville.

C’est en voulant faire un clin d’œil au patrimoine et offrir du même coup des produits locaux au restaurant du Manoir d’Youville – l’ancien couvent des Sœurs aujourd’hui converti en hôtel – que le directeur de l’endroit, Jean-Martin Côté, a eu l’idée de faire revivre ce potager.

«Marguerite d’Youville se servait de l’île comme garde-manger pour l’Hôpital général de Montréal» – Jean-Martin Côté, directeur du Manoir D’Youville

Cette fois, plutôt que de servir à nourrir les malades, les récoltes de 2022 seront cuisinées dans les menus du restaurant du Manoir, mais également au bistro La Traite situé aussi sur l’île.

La Fondation Compagnom, responsable de la gestion du Manoir, a offert un don de 10 000$ pour démarrer le jardin.

Sur cette carte de l’île affichée au Manoir d’Youville, on peut voir qu’à l’époque, toute la section en jaune servait à l’agriculture. (Photo : Le Soleil – Valérie Lessard)

Une recherche sur le patrimoine agricole

Pour mener à terme ce projet, M. Côté a trouvé la personne tout indiquée: Marie Perron, membre du conseil d’administration de la Fondation Compagnom. «Le jardinage, c’est ma passion, explique-t-elle. Je m’implique dans les jardins communautaires de Châteauguay. Quand on m’a parlé du Jardin des Soeurs, j’ai tout de suite embarqué».

Elle a d’abord effectué quelques recherches pour voir ce qui poussait sur l’île à l’époque afin de reproduire le travail de la congrégation. Et, depuis quelques semaines, le jardin commence à prendre forme dans des bacs installés derrière le Manoir. Des plants de fraises, de tomates, de haricots et des courges ont, entre autres, été plantés. Des carottes, de la betterave, de la laitue, des épinards et de nombreuses fines herbes pourront également être récoltés. «Nous avons aussi travaillé en équipe avec notre chef pour qu’il puisse intégrer les aliments à son menu», mentionne M. Côté.

Le jardin est clôturé pour éviter que des visiteurs à deux ou quatre pattes – bien présents sur l’île – viennent manger le fruit du travail des jardiniers. «On n’est pas trop inquiets, puisqu’ils se régalent déjà dans nos conteneurs. C’est bar ouvert!» mentionne en riant le directeur du Manoir.

Le jardin est visible de la fenêtre du restaurant du Manoir D’Youville. (Photo : Le Soleil – Denis Germain)

Partenariat avec le CISSSMO

Comme un potager nécessite des soins constants, Mme Perron recevra un coup de main d’employés provenant d’un programme d’intégration au travail du Centre intégré de santé et de services sociaux de la Montérégie-Ouest (CISSSMO) avec qui le Manoir collabore depuis quelque temps.

Une dizaine de personnes vivant avec une déficience intellectuelle ou un trouble du spectre de l’autisme assureront l’arrosage du vaste jardin tout au long de l’été en plus de travailler sur différentes tâches à l’hôtel.

«Ça aide vraiment à développer les habiletés sociales et de travail», explique Viviane Leboeuf, éducatrice du CISSSMO, qui accompagnait Nathalie Boulay, une des employées du programme lorsque le Journal est passé.

Mme Boulay arrosait justement les bacs où de nombreuses graines avaient été plantées dans les jours précédents. Questionnée sur son nouveau boulot, elle a dit apprécier son lieu de travail.  «J’aime vraiment le site», a-t-elle exprimé en pointant la beauté des paysages de l’île Saint-Bernard.

Nathalie Boulay employée du plateau de travail du CISSSMO, Marie Perron responsable du jardin, Viviane Leboeuf, éducatrice au CISSSMO et Jean-Martin Côté, directeur du Manoir d’Youville.  (Photo : Le Soleil – Valérie Lessard)

Techniques ancestrales

Marie Perron, la responsable du jardin, s’est informée auprès de la Maison LePailleur à Châteauguay qui avait déjà tenté l’expérience du potager à l’ancienne afin d’avoir des conseils sur ce patrimoine agricole local.

Elle utilisera d’ailleurs la technique des «trois sœurs», une pratique de culture ancestrale notamment utilisée par les Autochtones. «C’est l’interdépendance de trois espèces qu’on plante une à côté des autres», explique la jardinière. Par exemple, elle a semé du maïs, autour duquel elle a planté des haricots. Ces derniers vont grimper sur le maïs et ils apporteront de l’azote au sol. En périphérie de ces deux légumes sont ajoutés des plans de citrouilles algonquines qui vont s’étendre autour et garder le sol humide.