VIDÉOS – 40 ans de Benado : une deuxième chance pour près de 10 000 jeunes

le mercredi 18 janvier 2023

Depuis 40 ans, ce sont 9 854 adolescents et adolescentes qui ont été accompagnés par l’organisme Benado, à Delson. Ce dernier a pour mission d’aider les jeunes à travailler sur eux-mêmes.

Depuis son arrivée chez Benado il y a 31 ans, Josée Lacoursière ne note pas de diminution ou d’augmentation du nombre de jeunes qu’ils accueillent. La directrice générale croit plutôt que les problèmes sociaux sont exacerbés par le fait qu’on en parle davantage dans la société.

«On a autant de situations différentes que de jeunes qui nous sont référés, explique-t-elle. Les problèmes sortent dans les médias, donc les jeunes sont plus ouverts maintenant à en parler.»

Sa collègue va dans le même sens en ajoutant que les programmes se sont diversifiés à travers les années avec le soutien des institutions comme les établissements scolaires.

«En travaillant ensemble, c’est là que ça peut faire la différence, croit Roxanne Brosseau, agente au développement et à la formation. En mélangeant nos expertises, ça peut être très pertinent.»

La mission de Benado est de prévenir la délinquance juvénile par l’entremise de deux volets. Le premier, de justice alternative, accompagne les adolescents de 12 à 17 ans à travers leurs mesures de réparation à la suite d’un délit commis. Ces mesures s’inscrivent dans la Loi sur le système de justice pénale pour adolescents (LSJPA) et peuvent être proposées par les services de police, les centres jeunesses ou ordonnées par le tribunal de la jeunesse.

Au fil des années, l’organisme a remarqué que plusieurs de ses jeunes membres éprouvaient des difficultés scolaires. Il a donc ajouté le second volet, celui contre le décrochage scolaire.

«Quand un jeune ne fonctionne plus dans le système scolaire, il peut être référé à Benado, soutient Mme Lacoursière. Le milieu scolaire nous joint et regarde dans quel programme le jeune pourrait s’intégrer. S’il est intéressé, nous allons le rencontrer et l’aider à retourner sur les bancs d’école.»

Ce volet offre divers programmes, notamment pour régler des comportements d’intimidation, pour accompagner les jeunes en situation de rupture scolaire en raison de problèmes comportementaux ou de difficultés d’adaptation, pour soutenir ceux qui veulent utiliser leur temps de suspension en démarche constructive et, finalement, pour les adolescents en difficulté scolaire ou personnelle.

Dans les dernières années, Benado a également créé un Service d’accompagnement unique favorisant la transition vers le secondaire (SAUTS). Ce programme est destiné à faciliter la transition des élèves qui éprouvent de l’anxiété avant leur entrée au secondaire. L’organisme travaille en partenariat avec les écoles Jacques-Leber à Saint-Constant et Louis-Cyr à Napierville.

Ne pas les oublier

La pandémie a apporté son lot de défis à Benado.

«Il a fallu s’adapter au télétravail, soutient Mme Lacoursière. La difficulté a été de nous revirer sur un dix cents pour ne pas oublier ces jeunes-là.»

La directrice ajoute que l’organisme a reçu plusieurs demandes de soutien pendant cette période. Les problèmes de santé mentale ont été amplifiés par l’isolement que les jeunes ont vécu, croit-elle.

«On a été capable de les rejoindre en ligne et d’aller les voir à l’extérieur le plus possible», indique-t-elle.

La cohésion avec les partenaires a été un peu plus difficile, puisque tout le monde était confiné, rappelle Roxanne Brosseau.

«Pour combattre l’anxiété et l’isolement, nous avons dû faire preuve de créativité, souligne celle qui travaille avec l’organisme depuis 15 ans. Prendre le temps de les appeler, c’était la petite chose qui manquait pour créer de l’ouverture chez le jeune.»

Retrouver ses repères

Une participante de Benado a raconté au Reflet l’impact de l’organisme dans sa vie. Ce dernier l’aide à traverser des épreuves difficiles.

«J’ai décidé d’intégrer Benado pour des raisons personnelles, puisque je n’étais plus motivée à l’école et que je m’isolais de plus en plus, fait savoir Mélodie, 18 ans. Mon séjour m’avait permis de retrouver de saines habitudes de vie et de m’exprimer davantage sur mes émotions. Je suis revenue cette année.»

Elle ajoute que son expérience lui a appris d’être à l’écoute de ses besoins, de mieux mettre ses limites dans ses relations, de faire face à son anxiété en sortant de sa zone de confort, de reprendre confiance en elle et de se recréer un réseau social.

«Ça représente un endroit où je n’ai pas peur d’être moi-même, où je me sens comprise et écoutée, poursuit-elle. Benado est devenu comme une famille pour moi et c’est important.»

Nomination

Le travail acharné de Benado à travers les années a été souligné dans le cadre du Prix «Ensemble contre l’intimidation». Cette distinction décernée par le ministère de la Famille permet «d’honorer une personne, une organisation et un milieu scolaire ou d’enseignement qui, grâce à leurs actions et à leur engagement, contribuent à prévenir et à contrer l’intimidation et la cyberintimidation». L’organisme était finaliste pour l’emporter.

En compagnie du comité régional de concertation contre l’intimidation et la violence, l’organisme a créé le projet «Mon pouvoir sur l’intimidation», qui vise à offrir des guides répertoriant les actions préventives ou directes ainsi que les ressources pouvant venir en aide aux parents et aux intervenants scolaires.

Le comité est composé de Benado, Espace Châteauguay, AVIF (Action sur la violence et intervention familiale), La Re-Source, CALACS Châteauguay, et le Service de police de Châteauguay, le Service de police de la Ville de Mercier ainsi que la Régie intermunicipale de police Roussillon.

«C’est une belle reconnaissance et une belle visibilité pour le travail de partenariat, croit Roxanne Brosseau. Le guide a été un bon outil pour les jeunes et les parents.»

«C’est essentiel de travailler avec les familles des jeunes pour les aider de manière plus stable. Les jeunes qui sont ici veulent s’en sortir.»

-Josée Lacoursière, directrice de Benado