Plus de 3 000 membres du Front commun ont manifesté devant les bureaux du Centre de services scolaires des Grandes-Seigneuries (CSSDGS), à La Prairie, le 22 novembre, alors qu’ils éclament de meilleures conditions et qu’ils dénoncent le manque de ressources.
Rencontrés sur place, enseignants, membres du personnel de soutien et professionnels de l’éducation ont tous été catégoriques à l’effet qu’ils ressentaient un pincement au cœur en pensant aux élèves touchés par la grève.
«Pour certains, l’école était un échappatoire de la maison, a fait remarquer Ashley Metten, enseignante à l’école secondaire de la Magdeleine, à La Prairie. Je pense à eux en ce moment.»
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Les membres du Front commun ont pris d’assaut le boulevard Taschereau. (Photo: Le Reflet – Denis Germain)
Elle estime que le gouvernement ne les écoute pas assez et qu’il ne épond pas à leurs besoins, étant donné que le salaire «est le dernier de nos soucis». Selon elle, les enseignantes demandent entre autres une meilleure reconnaissance, une meilleure conciliation entre la famille, le travail et la vie personnelle, une meilleure composition de la classe, un allègement de la charge de travail, un meilleur traitement des personnes enseignantes à statut précaire et un milieu de travail sain.
«Pendant la grève, certains enseignants seront payés et d’autres pas. Ne pensez pas que cela nous plait, mais si nous le faisons et que cela n’est pas arrivé depuis plusieurs années, c’est peut-être parce que, pour une fois, nous sentons qu’il est possible de faire avancer les choses», a-t-elle poursuivit.
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Le boulevard Taschereau était fermé à la circulation le temps de la manifestation. (Photo: Le Reflet – Denis Germain)
Même son de cloche de la part de deux enseignantes de l’école primaire Saint-Marc, à Candiac.
«La surcharge de travail est de plus en plus grande chaque année, a relaté Justine Lajoie. On n’a pas de support, il manque de personnel et on se sent seul.»
Sa collègue dénonce le manque de soutien pour les élèves en difficulté.
«Juste pour le classement d’un élève, le nombre d’heures qu’on met pour remplir les formulaires n’a pas de bon sens, a expliqué Laurence Verreault. Quand on arrive au bout du document rempli, souvent l’élève ne s’en va pas en classe spéciale et retourne en classe égulière l’an prochain. C’est l’enfant qui est perdant dans tout ça.»
En compagnie d’autres enseignantes de Saint-Marc, elle déplore que les professionnels ne soient pas remplacés lorsqu’ils tombent malades.
«S’il y a quelqu’un qui s’absente dans un milieu de travail, habituellement quelqu’un le remplace non?, s’est questionnée Mme Verreault. Alors pourquoi ce n’est pas pareil avec nous? Il nous manque deux techniciennes en éducation spécialisée sur quatre. On se retrouve surchargé sans elles.»
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Justine Lajoie, Laurence Verreault, Anne-Marie Gravel, Marlene Perre et Julie Vincent de l’école Saint-Marc, à Candiac. (Photo: Le Reflet – Guillaume Gervais)
Moyen ultime
Les représentants des différents syndicats présents ont fait savoir que la grève est un moyen de pression ultime et que leurs membres ne font pas cela de gaieté de cœur.
«Pour faire en sorte que les conditions d’exercice des enseignants et enseignantes changent, qu’on attire la relève, qu’on les garde dans la profession, qu’on puisse enseigner avec des conditions acceptables, que la lourdeur de la tâche diminue et qu’on obtienne les services pour les élèves, il faut que le gouvernement nous écoute et que la population soit avec nous», a martelé Martine Provost, présidente de l’Association des professeurs de Lignery.
Les groupes syndicaux veulent retourner à la table de négociations le plus rapidement possible.
«On veut négocier et on ne voulait pas faire la grève, a indiqué Guy Boivin, président du Syndicat des professionnels et professionnelles de la Montéégie (SPPM). Ça n’a pas de bon sens d’attaquer le milieu de l’éducation comme ça. On est presqu’un sur deux qui sont mobilisés depuis hier.»
«Si nous sentons que nous sommes écoutés et que les parents sont derrière nous, peut-être que nous arriverons à faire propager l’amour de l’éducation à nos élèves.»
-Ashley Metten, enseignante à la Magdeleine