VIDÉOS – L’héritage d’Hubert Reeves à Châteauguay et Léry

le lundi 23 octobre 2023

L’annonce du décès de l’astrophysicien et écologiste de renommée internationale Hubert Reeves le 13 octobre ravive de nombreux souvenirs dans la région. Le vulgarisateur aura laissé une marque par ses conférences à l’école secondaire Louis-Philippe-Paré à Châteauguay ou encore par son appui à différentes causes environnementales locales au fil des ans.

Natif de Montréal, Hubert Reeves passait ses étés dans la maison de ses grands-parents à Léry. Il adorait le secteur qu’on appelle aujourd’hui les Îles de la paix, entre Léry et Beauharnois. «Je venais passer de longues périodes en canot, je glissais entre la verdure, entre les joncs et les massettes. Je m’installais et je ne bougeais pas. Je voyais les canards, les grenouilles, les ouaouarons, les rats musqués, les papillons. Pour moi, c’était un très grand plaisir de m’immerger dans ce monde de marécages», a raconté M. Reeves dans le documentaire Conteur d’étoiles.

 

Le Prix Hubert-Reeves à LPP

Mais s’il est revenu dans le secteur de Châteauguay à plusieurs reprises au tournant des années 2000, c’est grâce au Châteauguois Jean-Claude Florence, qui était alors enseignant à l’école Louis-Philippe-Paré. À la fin des années 1990, ses élèves l’avaient mis au défi «de faire venir un savant» à l’école.

«J’écoutais les cours télévisés d’Hubert Reeves. J’ai appelé au poste de télé pour lui demander la permission de créer un prix Hubert-Reeves destiné aux élèves du secondaire et il a gentiment accepté!» raconte M. Florence en entrevue.

Le Prix Hubert-Reeves était non compétitif et visait à développer l’intérêt de la science chez les jeunes. 

Appui environnemental

L’astrophysicien a rencontré les élèves de l’école à quelques reprises par la suite et M. Florence s’est lié d’amitié avec le savant. C’est d’ailleurs par le biais de Jean-Claude Florence que des groupes écologistes ont réussi à obtenir l’appui d’Hubert Reeves dans plusieurs causes environnementales. «Chaque fois qu’il y avait un problème lié à l’environnement à Châteauguay, on me demandait de contacter Hubert et on faisait cette guerre-là, “à la Hubert”», confie-t-il.

Ainsi, Hubert Reeves a milité pour la protection des Îles de la paix, du boisé Fernand-Séguin, du Corridor vert Châteauguay-Léry et s’était opposé vivement contre le projet de centrale thermique du Suroît.  «Depuis notre rencontre en 1992, Hubert Reeves n’a jamais cessé de défendre les causes écologiques en Montérégie avec la douceur dans le geste, le regard et la voix», a écrit M. Florence dans son livre Une Oasis Nature à Bellevue Ville-de-Léry, consacré à son ami.

Une conférence marquante

Par l’entremise de M. Florence, l’organisme Héritage Saint-Bernard avait accueilli Hubert Reeves en 2004 pour inaugurer les Conférences En Vert et pour Tous! à l’école secondaire Louis-Philippe-Paré à Châteauguay. L’engouement pour entendre le scientifique était palpable.

«Les gens devaient nous appeler directement pour acheter les billets. Je me rappelle que ça sonnait en cascades. On a reçu beaucoup, beaucoup d’appels», se souvient Marie-Hélène Dorais, directrice d’Héritage Saint-Bernard qui était alors jeune employée.

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M.Reeves lors de sa conférence à l’école LPP. (Photo : Le Soleil – Archives)

L’événement affichait complet.

«À cette époque, Héritage Saint-Bernard était en campagne contre la construction de la centrale thermique du Suroît à Beauharnois, et la visite de ce grand environnementaliste tombait à point», se remémore Mme Dorais.

Luc L’Écuyer, qui était directeur d’Héritage Saint-Bernard à l’époque, se rappelle aussi d’un être généreux. «Hubert Reeves avait présenté sa conférence gratuitement. Il nous avait seulement demandé de faire un don à l’organisme ATD Quart-Monde», se souvient-il.

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Luc L’Écuyer et Hubert Reeves sur la scène de l’auditorium LPP à Châteauguay. (Photo : gracieuseté Héritage Saint-Bernard)

Lui-même militant écologiste de longue date, M. L’Écuyer était impressionné par le personnage. «C’était un grand vulgarisateur. Il nous invitait à passer à l’action, à être pro actif. Il disait que ça pouvait commencer par de petits gestes», mentionne-t-il en entrevue.

Touché par le message du livre Mal de terre de M. Reeves, Héritage Saint-Bernard avait mis sur pied le projet Comme une bouteille à la Terre en achetant une douzaine d’exemplaires du livre. «Nous l’avions partagé à des amis, connaissances et demandions de le faire circuler à un prochain, en laissant une trace de la lecture à la fin du livre», explique Mme Dorais.

M. L’Écuyer se souvient également que le Pavillon de l’île Saint-Bernard a failli s’appeler le pavillon Hubert Reeves. «Nous avions formé un comité de sélection. La moitié voulait que ça s’appelle Pavillon Hubert Reeves, l’autre moitié ne voulait pas. On a manqué une belle chance à mon avis», commente le Châteauguois.

Il croit que le projet de revitalisation de l’emprise d’Hydro-Québec, entre Kahnawake et Beauharnois pourrait être une belle occasion de rendre hommage à ce grand environnementaliste.