VIDÉOS – Un apiculteur de Saint-Constant perd près de la moitié de ses abeilles

le mercredi 22 juin 2022

Alexandre Mainville, propriétaire de la miellerie Le petit bulldog à Saint-Constant, a perdu près de la moitié de ses abeilles cet hiver, alors qu’en temps normal, il subit une baisse de 21%. C’est sa plus forte diminution depuis qu’il est devenu apiculteur en 2015.

Vêtu de sa combinaison, M. Mainville a présenté quelques-unes de ses ruches situées au marché Mes Fruits Saint-Constant au Reflet, le 24 mai.

«Certains de mes collègues ont perdu jusqu’à 80% de leurs abeilles, notamment parce que le parasite Varroa destructor se propage dans les ruches», raconte-t-il. Il s’agit aussi de l’un des facteurs expliquant ses pertes.

Le parasite a causé beaucoup de dommages en 2021 en raison de l’arrivée d’un printemps hâtif, d’un été chaud et d’un automne tempéré, mentionne celui qui possède plus d’une centaine de ruches.

«C’est entre autres les grosses variations de température qui tuent les abeilles, explique-t-il. Le climat créé de l’humidité dans les ruches qui est néfaste pour celles qui y habitent.»

Selon le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec, une forte proportion des abeilles sont affectées par le parasite au cours de leur maturation à la fin de la période estivale. Puisque la «survie hivernale de la colonie est compromise, le dépistage et le contrôle du parasite au cours de l’été sont primordiaux».

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Alexandre Mainville dans sa combinaison apicole. (Photo: Le Reflet – Denis Germain)

Des insectes essentiels

L’apiculteur de Saint-Constant craint que la perte d’abeille entraîne des répercussions dans l’assiette des Québécois, notamment en raison du niveau de pollinisation plus faible. Le transport du pollen par les abeilles est essentiel au travail des agriculteurs, puisqu’il leur permet entre autres d’avoir de meilleures récoltes, explique-t-il.

«J’ai vu des bleuetières qui ont augmenté leur production de 50% en hébergeant des ruches dans leurs champs», indique-t-il.

À Saint-Constant, il collabore avec des agriculteurs pour la pollinisation de leurs champs, notamment la Ferme Pigeon à Saint-Rémi, ainsi que les Maraîchers Bec Sucré et le Domaine Labranche à Saint-Isidore. Il s’occupe également des ruches de la Ville de Saint-Constant situées au Pavillon de la biodiversité.

M. Mainville ajoute que les enjeux de l’industrie de l’apiculture ne datent pas d’hier. Il mentionne que plusieurs de ses collègues ont des craintes par rapport aux pesticides.

«On voit que nos abeilles ne sont pas aussi fortes qu’auparavant.»

-Alexandre Mainville, propriétaire de la miellerie Le petit bulldog

«Ça me préoccupe qu’elles ne produisent pas autant de miel qu’avant», se désole-t-il.

De plus, il croit qu’il faudrait promouvoir la profession, puisque les apiculteurs âgés cherchent de la relève.

Besoin d’aide

M. Mainville, qui siège sur le conseil d’administration de l’Association des apiculteurs du Québec (AADQ) en tant que président du comité de la Montérégie, dénonce un manque d’intervention du gouvernement.

«Malheureusement, il ne fait rien, déplore-t-il. Il va falloir trouver des solutions, puisqu’on ne peut pas vivre avec des grosses pertes d’abeilles chaque année. Subventionner, ça peut aider, mais une partie des fonds doit aussi être investie dans la recherche.»

Il pense que l’argent permettrait aux apiculteurs d’acheter de nouvelles abeilles pour rebâtir leur colonie et qu’une autre partie de la somme pourrait être investie dans un remède contre le virus.

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Alexandre Mainville montre plusieurs de ses abeilles. (Photo: Le Reflet – Denis Germain)

Nouvelle vocation

Après avoir travaillé dans le domaine du spectacle comme gérant de salle pendant une vingtaine d’années, Alexandre Mainville a conclu qu’il avait fait le tour.

«Le cousin de ma mère, qui est éleveur de reines, m’a demandé si ça me tentait de me lancer dans le domaine des abeilles, révèle-t-il. J’avais déjà un intérêt depuis un bout pour elles, mais je ne savais pas par où commencer.»

Il l’a donc pris sous son aile et est devenu son mentor. Par la suite, M. Mainville s’est acheté une maison en campagne pour commencer son aventure. Il possède des ruches depuis sept ans et les commercialise depuis trois ans.

En rafale

Selon l’AADQ, la province a dénombré 440 apiculteurs qui ont exploité six ruches et plus en 2019. Au total, 66 700 ruches ont été établies au Québec, correspondant à 8% des ruches canadiennes.

Toujours en 2019, les apiculteurs québécois ont produit 29,7 kg de miel par ruche, ce qui a permis d’atteindre des ventes de 15,4 M$.

Plus ou moins 40% des produits alimentaires contenus dans l’assiette des Québécois proviennent indirectement ou directement du travail des abeilles au niveau de la pollinisation.