Visé par une injonction : un ex-cadre de la Régie accuse la police de discrimination

le vendredi 14 juillet 2023

Yves Lemay, anciennement cadre de division des ressources humaines à la Régie intermunicipale de police Roussillon, reproche au corps policier de faire preuve de discrimination à l’embauche, en réponse à une injonction voulant qu’il ait subtilisé des documents confidentiels avant de quitter son poste.

C’est ce qu’a révélé La Presse le 14 juillet, après avoir mis la main sur un document judiciaire déposé au palais de justice de Montréal quelques jours auparavant. 

M. Lemay considère que l’injonction à son égard, intentée en avril par la Régie, est une «poursuite-bâillon». Celui-ci affirme que le corps policier tente de l’intimider et de le faire taire, puisqu’il possèderait des renseignements privés sur des candidats policiers et qu’il les diffuserait «illégalement», selon la police.

Des échanges de courriels entre M. Lemay et le maire de Candiac et président du conseil administratif du corps policier, Normand Dyotte, prouveraient ces allégations. La Régie s’est ainsi adressée à la Cour supérieure afin de l’obliger à détruire les documents.

La Presse cite l’ex-cadre, qui soutient que «la Régie craint que M. Lemay dénonce les comportements discriminatoires et irréguliers qu’il a observés lors de son emploi», et qu’elle prétexte des obligations de confidentialité.

Il avance également qu’il a toujours reçu l’autorisation de son organisation pour obtenir les documents qu’il détiendrait, dans sa défense. 

Embauche annulée

Toujours selon le média national, M. Lemay réplique également qu’il a prévenu M. Dyotte qu’une candidate policière pourrait poursuivre la Régie pour discrimination, après avoir été affectée par son recrutement avorté.

Celle-ci aurait avoué avoir obtenu une absolution inconditionnelle après avoir été condamnée pour vol. L’ex-cadre rapporte dans le document judiciaire qu’à son retour de vacances, le directeur de la Régie, Michel Guillemette, aurait annulé son embauche, «puisqu’il ne veut pas d’une “voleuse” dans son organisation».

Or, un candidat ayant obtenu une absolution peut être admis au programme de formation, selon l’École nationale de police du Québec.

«Afin d’éviter que ses décisions l’exposent à de potentielles poursuites, M. Guillemette annule l’embauche de toute la cohorte. Cette décision aggrave le manque déjà important de policiers sur les équipes de la Régie et exacerbe le problème du temps supplémentaire exigé par ces derniers», détaille l’exposé sommaire des moyens de défense de M. Lemay.

Celui-ci ajoute que d’autres candidats policiers auraient été victimes de discrimination, dont certains qualifiés de «trop vieux pour s’asseoir dans une voiture de police».

L’ex-cadre a démissionné en août 2022, en reprochant une «désorganisation» à la Régie, puis des «comportements répréhensibles et un style de gestion mal avisé» de la part de M. Guillemette. 

Autre litige

Par ailleurs, en mars 2023, le corps policier a reproché à M. Lemay d’user de chantage et d’extorsion pour le paiement de vacances. Celui-ci a déposé un recours aux petites créances dans ce dossier. 

Dans les deux cas, la justice ne s’est pas encore prononcée. La Régie a déclaré au Reflet qu’elle ne souhaite pas commenter. De son côté, Anna-Claude Poulin, conseillère en communication à Candiac, fait savoir qu’au sujet des allégations envers M. Dyotte, «nous allons laisser le processus judiciaire suivre son cours».